Dans la première partie de notre étude, nous avons
souligné que le point central de l’argumentation de l’apôtre Paul est celui-ci
: Christ, notre Pâque, a été immolé. Une première conséquence découle de cette
vérité, à savoir que celui qui est uni à Christ par la foi est saint,
sanctifié, entièrement libre et dégagé de toute condamnation.
Quelle vie cet homme est-il appelé à vivre ?
Poursuivons notre Ă©tude.
La vie du croyant
Cette nouvelle vie, cette «pâte nouvelle», cette
nouvelle création se caractérise par le fait qu’elle n’a rien en commun
avec l’ancienne. Toutes choses sont devenues nouvelles. Le vieux levain
n’a plus sa place.
Le «vieil homme», la nature pécheresse héritée des
parents, est appelé à disparaître, à mourir.
Il y a chez le croyant un conflit entre les deux
natures, ce que Paul développe en Romains 7. Mais le croyant ne peut pas
retourner en arrière. Paul dit aux Corinthiens : Vous êtes une nouvelle
création. Faites donc disparaître le vieux levain. Manifestez cette vie
nouvelle en vivant par la foi en JĂ©sus-Christ et non plus en vivant comme
avant.
Les exhortations des lettres du Nouveau Testament vont
dans le même sens. «Voici ce que Jésus-Christ a fait pour vous, voici ce que
vous êtes en lui, c’est votre identité. Les implications sont donc les
suivantes : Vivez cette vie nouvelle ! Portez du fruit. Croissez dans la
grâce et la connaissance de Jésus-Christ.»
Mais comment doit-on le faire ? Paul répond : «Célébrons
donc… » (v.8)
Il s’agit de quelque chose de continuel, non pas une
fois l’an, une fois par semaine, ni une fois par jour, mais constamment… En
Galates 2:20, Paul Ă©crit : si je vis dans la chair, je vis dans
la foi au Fils de Dieu qui m’a aimĂ© et s’est livrĂ© pour moi. «Je vis» Ă
chaque instant. Je suis dans la chair, dans ce monde, mais je vis Ă chaque
instant dans la dépendance de Christ.
En Jean 6:56, le Seigneur JĂ©sus parle de manger de sa
chair et boire de son sang : cela parle de la foi personnelle et
constante.
En Exode 12, il est question de manger du pain sans
levain (la nouvelle nature qui n’a rien de commun avec l’ancienne) avec des
herbes amères (la repentance, la lamentation à cause de notre péché encore
présent).
Paul parle d’une fête, d’un festin. Nous nous
réjouissons en Jésus-Christ, notre Pâque, en ses perfections, sa justice, ses
mérites, ses promesses, sa Parole, sa personne… Paul exhorte à plusieurs
reprises les Philippiens : «Réjouissez-vous toujours dans le
Seigneur !» (3:1 ; 4:4)
Si nous négligeons cette fête, si nous ne nous
saisissons pas du privilège de nous réjouir sans cesse dans notre Pâque, qui
est Jésus-Christ, nous tombons dans l’indifférence. Alors, la perfection du
salut et la beauté du Sauveur cessent de nous émerveiller. Comme pour l’église
de Corinthe, nous tolérons la présence
du vieux levain qui fait lever
toute la pâte.
La meilleure barrière à la chute est la louange pure
et vraie du cœur devant ce Sauveur si glorieux et merveilleux qu’est
Jésus-Christ, notre Pâque.
Dans le Cantique des cantiques, nous voyons l’épouse
qui oublie, et elle s’endort. Elle se réveille «perdue». C’est quand elle
médite, pense à son époux et se réjouit en lui qu’elle se prépare et attend son
retour. La fin du Cantique ressemble à celle du livre de l’Apocalypse. C’est le
même cri de l’Épouse, l’Église, qui a hâte de revoir son Époux.
Quand un époux est «fou d’amour» pour son épouse, que
se passe-t-il ? Il ne pense qu’à elle. Elle est la plus merveilleuse à ses
yeux. Il n’en désire aucune autre. Il ne vit que pour elle. Lorsque le croyant
est rempli d’amour pour son Seigneur, il ne désire rien d’autre, il n’est
attiré par rien d’autre. De cet amour pour le Sauveur découle un amour pour ses
semblables. Par cet amour, le croyant accomplit ce que demande la loi (Romains
13:10).
La Parole nous exhorte à considérer les choses d’en
haut (Colossiens 3:1-3), à considérer Christ. Vers la fin de sa lettre
aux Hébreux, l’auteur écrit : «Recherchez la paix avec tous, et la
sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur» (12:14). De
quelle sanctification s’agit-il ? De celle qui conduit au salut. Même le
brigand sur la croix et ceux qui expérimentent une œuvre de salut sur leur lit
de mort connaissent cette sanctification. Il s’agit en fait de Jésus-Christ,
qui pour nous a été fait «sagesse, justice, sanctification et rédemption».
L’auteur résume toutes les exhortations de sa lettre en disant : recherchez Christ, celui qui est notre paix
et notre sanctification.
En 1 Corinthiens 5, Paul écrit que la réjouissance est
dans la pureté et la vérité. En priant pour les siens,
Jésus-Christ demande : «Sanctifie-les par ta vérité : ta Parole est la
vérité» (Jean 17:17). L’erreur ne sanctifie jamais. Vous pouvez créer
une dénomination ou un club religieux avec une fausse doctrine, établir une
assemblĂ©e sur l’erreur, mais vous ne pourrez jamais stimuler quiconque Ă
rechercher la sainteté de cette manière. Seule la vérité, la Parole de Dieu, le
fait. Paul nous exhorte à célébrer notre identité en Jésus-Christ, à nous
nourrir de la vérité, de la Parole de Dieu, et de la Parole faite chair.
L’apôtre Jean écrit : «Quiconque a cette espérance en lui se purifie» (1 Jean 3:3).
Il ne dit pas qu’il devient plus pur puisqu’il a déjà été lavé par le Seigneur.
Mais, dans son expérience sur terre, ses pas ramassent la poussière du monde.
Le croyant a besoin d’en être débarrassé. Jésus dit à ses disciples : Vous
êtes déjà purs, mais il faut que je vous lave les pieds (Jean 13). C’est
quelque chose de constant, de quotidien : c’est la croissance dans la vie
chrétienne.
Pour parler de la croissance dans la vie chrétienne,
certains parlent de sanctification «progressive». Cette expression peut
prêter à confusion, d’où la nécessité d’apporter quelques précisions.
Elle peut donner l’idée qu’on devient de plus en plus
saint. Au départ, Dieu me remet sur le droit chemin, mais ce serait à moi
d’avancer ensuite, de progresser. Comment progresse-t-on d’après cette
idée ? Par l’obéissance, on deviendrait plus acceptable aux yeux de Dieu. Ce
qui revient Ă dire que les Ĺ“uvres me rendent acceptable, ce qui est faux. Mon
acceptation est parfaite en JĂ©sus-Christ.
Un enfant est enfant Ă 100 % ; il ne lui manque
rien à la naissance. Il est petit et ne sait pas comment définir son père, mais
il sait qui ce père est (il se réfugie dans ses bras en cas de problème). Plus
il grandit, plus il est capable d’expliquer, de décrire et d’apprécier son
père. Et plus il découvre qui il est, plus il prend conscience que certaines
choses sont bonnes, et d’autres ne le sont pas. Certaines sont une offense,
d’autres sont une source de joie. Il grandit. L’enfant de Dieu est enfant de Dieu à 100 % ; il ne lui manque
rien. C’est pourquoi l’Écriture exhorte les croyants à vivre ce qu’ils sont
déjà en Christ.
Notre identité – nous sommes une pâte nouvelle, une nouvelle
création. Nous sommes saints, séparés pour l’Éternel.
Pourquoi ? Car Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous (il
est notre Substitut, il donne sa vie en rançon pour son peuple), et nous sommes
unis Ă Lui par la foi. Paul utilise une autre image en Romains 6.
Puisque nous sommes unis à Christ par la foi, et justifiés grâce à cette union,
nous sommes aussi mort avec lui afin de renaître en nouveauté de vie. Notre
union ne se limite pas à la justification, elle nous entraîne dans tous les
aspects du salut.
Comment vivre en nouveauté de vie ? L’exhortation est de faire disparaître
l’ancienne pâte (qui n’a plus sa place) et de rechercher les choses d’en haut,
de célébrer le festin avec les pains de la pureté et de la vérité. C’est ce que
Paul rappelle en Romains 6 et 7 par exemple. Notre nouvelle identité en Christ
ne peut pas vivre dans le péché. Mais l’ancien principe de la chair est
toujours présent dans notre nature et il veut utiliser nos capacités pour nous
détourner de Dieu. Le psalmiste donne l’exemple de celui qui refuse de se
laisser emporter là où ses émotions l’attirent. La réponse de cet homme à son
âme est : «Espère en l’Éternel, car je le louerai encore : il est mon salut et
mon Dieu» (Psaume 42).
Telle est l’identité du croyant. Il est uni à Christ
et justifié par le moyen de la foi. De par cette union avec Christ, il est
aussi sanctifié, séparé du monde pour Dieu. Ce n’est pas son choix, mais celui
de Dieu, et c’est sa vocation par la grâce de Dieu.
La raison ? Christ notre Pâque a été immolé.
Puisque nous sommes unis à Christ, nous sommes morts et ressuscités avec lui
pour une vie nouvelle.
Comment vivre sur terre ? En dépendance de
Christ, en regardant aux choses d’en haut et non à celles de ce monde. Nous
sommes citoyens des cieux.
Ce n’est pas facile. Il y a un conflit parce que la
chair est faible (Romains 7). Mais soyons assurés que celui qui a
commencé en nous cette bonne œuvre la mènera à la perfection pour le jour de
Christ (Philippiens 1:6).
Philip Hynes
Source : https://echosdelaverite.wixsite.com