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Signes d’apostasie : fausse mort et perte de la quête de l’immortalité
de JEROME PREKEL
«Le coeur des sages est dans la maison du deuil, et le coeur des insensés dans la maison de la joie» Ecclesiaste 7 :4



«Le coeur des sages est dans la maison du deuil,
et le coeur des insensés dans la maison de la joie»

Ecclesiaste 7 :4

 

Par Jérôme Prékel

 

Combien cette pensĂ©e est Ă©loignĂ©e de la vision contemporaine ! La «maison de la joie» — mĂ©taphore d’une existence tournĂ©e vers les plaisirs, c’est-Ă -dire d’influence hĂ©doniste[1] â€” reprĂ©sente un style de vie insouciant auquel aspire l’homme naturel; mais l’EcclĂ©siaste, auteur de cet aphorisme, donne ici une autre direction. L’ensemble de sa rĂ©flexion, dans ce chapitre 7, s’inscrit dans une logique qui n’est justement pas naturelle :   Â«Mieux vaut le chagrin que le rire, dit-il, car le coeur est rendu meilleur par la tristesse du visage».

Il serait difficile de faire un best-seller aujourd’hui avec ce thème ! Ou de faire le buzz avec un article sur le Net … Parce que la chose n’est pas Ă©vidente Ă  entendre (voire mĂŞme complètement dĂ©placĂ©e), surtout Ă  une Ă©poque oĂą “la dĂ©pression” est devenue un des flĂ©aux du siècle : on cherche davantage, et par tous les moyens, Ă  fuir la tristesse, l’affliction, sous toutes ses formes. La tendance contemporaine dirait plutĂ´t : mieux vaut le rire que le chagrin : le cĹ“ur est rendu meilleur par la joie !

On aura compris qu’il s’agit là d’une sagesse qui ne s’inscrit pas dans l’air du temps, et qui pourrait être contredite jusqu’à l’intérieur d’un certain christianisme, influencé par les aspirations à l’épanouissement personnel prôné par la société postmoderne (ou hypermoderne)[2]. Il est donc logique qu’en première lecture, cette vision biblique soit perçue avec peu d’enthousiasme, et qu’elle soit même soupçonnée de véhiculer une forme de névrose religieuse.

Pourtant, l’auteur ne suggère pas de passer sa vie dans les cimetières, ou de se priver de cultiver une certaine joie de vivre[3], puisque la joie est un don de Dieu[4]. Mais il veut rappeler que se détourner de la mort, de son sens et de sa perspective (la maison de deuil) conduirait l’âme humaine dans une forme de déni de réalité, puis dans une fuite en avant à la recherche du bonheur terrestre sans Dieu, qui représente à ses yeux l’exact contraire de la sagesse.

C’est en effet la mise en présence avec la pensée de LA fin (en général) et de notre propre fin (en particulier) qui constitue un moment de réflexion d’une profondeur irremplaçable, nous rappelant la fragilité, et donc la valeur de l’existence[5]. La vie nous a été donnée sans que nous l’ayons demandée et nous la recevons, conscients de ce qui nous précède et de ce qui nous survivra, de toute éternité. La pensée de la fin n’est en ce sens pas morbide, mais porteuse d’une promesse qui nous relie à l’absolu, c’est pourquoi il est important que les vivants n’oublient pas la mort, qu’ils ne la dés-intègrent pas de leur existence, car elle est l’ultime expérience que chacun doit vivre.

La « maison de deuil » reprĂ©sente en dĂ©finitive une certaine philosophie de la vie, essentielle, fondamentale, qui contient un ensemble de pensĂ©es et de questions existentielles, dont le faisceau dirige les regards vers Dieu et vers l’éternitĂ© : c’est prĂ©cisĂ©ment au travers de ce processus de rĂ©flexion que «l’Éternel a mis dans le coeur des hommes la pensĂ©e de l’éternitĂ©, bien qu’ils ne puissent pas vraiment saisir la plĂ©nitude de l’oeuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin » (EcclĂ©siaste 3/11). Et qu’est-ce qui conduit Ă  la pensĂ©e de l’éternitĂ©, sinon l’acceptation d’un questionnement dont la rĂ©ponse ne peut pas ĂŞtre trouvĂ©e dans l’Homme ? Cette impasse intellectuelle pousse l’esprit Ă  trouver le chemin d’une vĂ©ritĂ© en dehors de lui, au-delĂ  de ce que son esprit peut circonscrire, c’est-Ă -dire vers Dieu.

Pour Cicéron[6], philosopher c’est justement apprendre à mourir :

«Que faisons-nous lorsque nous dĂ©tachons notre âme du plaisir (c’est-Ă -dire du corps), des affaires privĂ©es (qui en dĂ©pendent Ă©troitement), des affaires publiques, bref de tout ce qui est synonyme d’activitĂ©, que faisons-nous, dis-je, sinon l’obliger Ă  se ressaisir, l’inciter Ă  la concentration et surtout l’isoler du corps ? Or, sĂ©parer l’âme du corps, c’est, assurĂ©ment, apprendre Ă  mourir Â»[7].

L’empreinte de «la maison de deuil» dans le passé

On raconte que dans la Rome antique, lors des cĂ©rĂ©monies de triomphe des gĂ©nĂ©raux romains, se tenait un esclave, derrière le hĂ©ros, sur son char. Il Ă©tait chargĂ© de lui souffler cette phrase :«Memento mori !» (Souviens-toi que tu mourras !). Elle Ă©tait censĂ©e lui rappeler son statut de mortel, dans un moment d’élĂ©vation et d’exaltation de soi,[8] alors qu’il Ă©tait sollicitĂ© par lavanitĂ© des gloires terrestres. La sagesse de la « maison de deuil » n’était pas loin.

Dans la suite de l’Histoire, certains grands de ce monde et certains esprits Ă©clairĂ©s se sont montrĂ©s sensibles Ă  cette rĂ©flexion, tel par exemple Charles Quint qui, dit-on, se couchait tous les soirs dans un cercueil pour mĂ©diter sur sa condition de mortel [9].

C’est Ă  la fin de l’époque mĂ©diĂ©vale que cette philosophie a cherchĂ© Ă  diffuser son influence dans la sociĂ©tĂ©, en empruntant le chemin de la culture: le Â«Memento Mori» est devenu un style pictural, qui mettait en scène la perspective de la mort et les pensĂ©es qui y sont attachĂ©es.

Dans le mĂŞme temps (et jusqu’au XIXè siècle) est apparu l’ars moriendi, ou l’art de bien mourir. C’était une forme de littĂ©rature populaire, fortement influencĂ©e par la pensĂ©e religieuse de l’époque, et qui rĂ©pondait Ă  un besoin, Ă  un questionnement des sociĂ©tĂ©s de ce temps, dans laquelle la mort Ă©tait très prĂ©sente. Ces ouvrages, existant sous diverses formes (y compris Ă  destination des enfants), Ă©taient davantage des supports de rĂ©flexion sur la mort que des manuels de prĂ©paration.

Au Moyen-Ă‚ge, les maisons Ă©taient souvent dĂ©corĂ©es de fresques dĂ©crivant des scènes porteuses de messages philosophiques, ou bibliques. L’une d’elles, bien connue, datant du 13è siècle, reprĂ©sentait : « les trois vivants et les trois morts Â». Trois hommes fortunĂ©s (ou trois rois) rencontraient les cadavres de leurs ancĂŞtres, qui les avertissaient au moyen d’une formule latine qui Ă©tait reproduite Ă  chaque fois : Quod Sumus, hoc iritis (voici ce que nous sommes : un jour vous serez pareils !) ou encore Quod fuimus, estes; quo sumus, vos iritis (Ce que nous avons Ă©tĂ©, vous ĂŞtes; Ce que nous sommes, vous serez !).

L’interpellation Ă©tait destinĂ©e Ă  rappeler Ă  la conscience de l’homme que la vie est limitĂ©e et que son fil peut ĂŞtre coupĂ© Ă  tout instant. Il faut se souvenir que la mortalitĂ© de ces Ă©poques reculĂ©es Ă©tait Ă©levĂ©e, et que l’espoir de dĂ©passer la cinquantaine Ă©tait très faible. La moitiĂ© des enfants disparaissait avant l’âge de 10 ans [10].

Le Memento Mori a donc Ă©tĂ© un genre artistique, qu’on qualifierait sans doute de morbide aujourd’hui. Il fut progressivement abandonnĂ©, pour quasiment disparaĂ®tre au moment de la Renaissance. Le style a cependant Ă©tĂ© longtemps prĂ©sent, comme une source d’inspiration philosophique : il n’était pas rare de trouver un crâne humain sur le bureau de Monsieur Tout-le-Monde, en guise de presse-papier ! On reprĂ©sente Hamlet, de William Shakespeare, dans une cĂ©lèbre scène oĂą il s’interroge sur le sens de la vie, s’adressant Ă  un crâne, dans une formule rendue cĂ©lèbre : Â«ĂŞtre ou ne pas ĂŞtre, telle est la question ?».

 

Ultima Forsans

Une autre trace de la prĂ©sence de cette pensĂ©e dans la sociĂ©tĂ© existait sous la forme d’une mention gravĂ©e par les horlogers sur les cadrans solaires (et sur les montres Ă  gousset) : Â«Ultima Forsans !», qui signifiait : Â« La dernière, peut-ĂŞtre !..»[11]. Il fallait entendre : c’est peut-ĂŞtre la dernière heure : rĂ©flĂ©chis !

Cette tradition ancienne des horlogers était une émanation de cette volonté de rester proche de «la maison de deuil» dont parle l’Ecclésiaste, grâce à l’inscription de ces simples mots, pour rappeler une pensée naturellement réfractaire. La perspective de la fin s’invitait donc régulièrement par ce moyen (à chaque fois que l’on regardait l’heure !) afin que chaque homme puisse se remémorer que le temps est compté dans cette vie, et qu’il faut faire face à la réalité d’une fin, même si elle nous semble toujours éloignée, ou même, curieusement improbable … Cette démarche participait d’une sagesse à laquelle la Bible nous invite en toute circonstance :

« Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre coeur à la sagesse»(Psaume 90/12).

 

Une perte de contact progressive

Le rapport à la mort — cette fréquentation de «la maison de deuil» — a progressivement changé à l’époque moderne, sous la pression d’une volonté de plus en plus affirmée de la cacher. Avant ce changement, la société affrontait différemment le trépas, qui n’était couvert d’aucun voile et d’aucun silence :

La mort au Moyen Age est une mort consciente, de préférence au lit. Le mourant a la conviction intérieure qu’il va mourir et accepte sa mort (et cela se poursuit à la Renaissance et jusqu’au XVIIIe siècle). Le fait d’être averti permet de prendre ses dispositions. Les morts du Moyen Age, croyants, se tournent vers Jérusalem, dans l’attitude des gisants, face vers le Ciel. Le cérémonial de la mort comprend plusieurs étapes : le regret de la vie (de courte durée, sans dramatisation excessive), la demande de pardon du mal qu’on a fait, la recommandation à Dieu de ceux qui survivent, la prière (pénitence) et l’absolution. Ce protocole est public : le lit du mort est entouré d’une assistance parfois nombreuses et qui comprend des enfants. La mort est acceptée paisiblement, sans drame excessif : c’est la mort apprivoisée[12].

C’est Ă  la faveur de la RĂ©volution Industrielle (Fin XIXème et dĂ©but XXème siècle) que le monde moderne a commencĂ© Ă  se dĂ©connecter progressivement de ses liens avec le monde naturel, ses cycles et tous les enseignements dont ils Ă©taient porteurs. Graduellement, les populations ont dĂ©sertĂ© les campagnes pour s’installer dans les villes, alors que c’est justement le contact avec la nature qui est le plus favorable pour conserver le lien avec la vie — et avec la mort. Au siècle dernier, plus de 80% de la population (Europe et États-Unis) vivait encore Ă  la campagne. De nos jours, les chiffres sont inversĂ©s : plus de 80% des habitants rĂ©sident dans les zones urbaines.

La domestication de l’énergie a mis un terme à la dépendance vis à vis de la lumière naturelle, qui obligeait les hommes à vivre à son rythme. L’éclosion de la vie (le printemps) et son crépuscule (l’hiver) sont devenus illisibles dans toutes leurs nuances, pour le citadin. Les enfants ne sont plus témoins du miracle de la vie — ni de la réalité de la mort[13]. Ce ne sont plus les saisons qui rythment la vie, mais plutôt les campagnes publicitaires, qui cadencent la consommation. Toutes ces transformations ont accompagné ou entraîné une nouvelle manière de considérer la mort :

Un changement d’approche de la mort s’est fait au XXe siècle, d’abord dans les pays anglo-saxons : la mort est devenue un tabou. Dès la seconde moitiĂ© du XIXe, on commence Ă  s’interroger sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©vĂ©ler Ă  un malade la gravitĂ© de son Ă©tat, d’abord pour l’épargner lui, puis pour Ă©pargner l’entourage en lui Ă©vitant des Ă©motions trop fortes. La mort ne doit pas troubler ce bonheur constant qu’est la vie.

On observe un dĂ©placement de la mort dans la première moitiĂ© du XXe siècle : on ne meurt plus chez soi mais Ă  l’hĂ´pital et souvent seul. L’hĂ´pital est le lieu oĂą on lutte contre la mort mais aussi le lieu oĂą l’on vient mourir [14]. La mort rĂ©sulte souvent d’une dĂ©cision technique (arrĂŞt des soins, prĂ©cĂ©dĂ©e d’une perte de conscience qui constitue une première mort). L’initiative de la mort n’appartient plus ni au mourant, ni mĂŞme Ă  sa famille, mais aux mĂ©decins. Ceux-ci s’efforcent de rendre la façon de mourir acceptable pour les survivants. Les rites post-mortem changent eux aussi. Les condolĂ©ances sont limitĂ©es, le deuil estompĂ©. Toute manifestation excessive est jugĂ©e comme une anormalitĂ© morbide, on cherche Ă  Ă©pargner les enfants en ne pleurant pas devant eux. Le dĂ©veloppement de l’incinĂ©ration est la solution la plus radicale de faire disparaĂ®tre les morts. Les urnes ne sont pas visitĂ©es, les cendres sont parfois dispersĂ©es. En fait, il est possible de penser que ce refoulement de la douleur aggrave les traumatismes liĂ©s Ă  la disparition d’un ĂŞtre cher [15].

 

Des conséquences profondes

Une vraie distance s’est donc installĂ©e, parfois une rupture, qui est le rĂ©sultat d’un refoulement graduel de la mort, une sorte de tentative d’exorcisation qui modifie et dĂ©nature un Ă©quilibre originel/naturel : si la sociĂ©tĂ© des hommes entretient une fausse considĂ©ration de la mort, elle nourrira Ă©galement, par voie de consĂ©quence, une conception erronĂ©e de la vie.

La philosophe Hannah Arendt a postulé que c’est justement la relativisation de la mort (sa dénaturation) qui a entraîné comme conséquence l’émergence du concept des camps de concentration et des chambres à gaz, entraînant des comportement (in)humains inédits dans leur expression globalisante, à l’intérieur des sociétés modernes (barbarie, crimes contre l’humanité, génocides)…

Ce phénomène semble avoir déployé ses effets dans plusieurs compartiments de la société contemporaine, dans lesquels la perception de la vie, et sa valeur, ont été sérieusement modifiées, entraînant certaines conséquences :

– Le net dĂ©veloppement du suicide, qui avoisine aujourd’hui 60% dans certains pays : un million de personnes par an meurent par ce moyen, soit plus que les victimes de guerres et d’homicides rĂ©unies[16]. Et ce chiffre est sans doute bien plus important que ne le montrent les statistiques rassemblĂ©es par l’OMS[17]. Il s’agit d’un problème qui va en s’aggravant : on annonce un chiffre de près de 20 millions de tentatives de suicides par an[18], qui est sans doute lui aussi infĂ©rieur Ă  la rĂ©alitĂ©. Il rĂ©vèle une augmentation de la souffrance personnelle, mais aussi une notion altĂ©rĂ©e de la valeur de la vie.

– L’augmentation des meurtres gratuits et des assassinats de masse (dans les lieux publics, les Ă©coles), phĂ©nomènes nouveaux du XXè siècle[19]. On constate une implication croissante de jeunes, d’adolescents et mĂŞme d’enfants, qui tuent pour des motifs futiles, parfois par simple dĂ©souvrement[20]. La justice, dĂ©semparĂ©e, cherche souvent Ă  requalifier ces “homicides” en “coups et blessures ayant entraĂ®nĂ© la mort”, ce qui ne contribue pas Ă  une saine prise de conscience de leur part de la valeur de la vie[21].

– La lĂ©galisation de l’avortement, geste thĂ©rapeutique justifiable dans des circonstances particulières, qui est devenu un acte chirurgical de confort auquel on a recours Ă  grande Ă©chelle. L’OMS avance le chiffre de 50 millions d’IVG annuels dans le monde[22] : si ce sont de simples gestes chirurgicaux sur des amas cellulaires, c’est un moindre mal, mais si ces foetus sont des ĂŞtres humains, il s’agit alors du plus grand gĂ©nocide de toute l’histoire de l’humanitĂ©. Qui se rĂ©pète chaque annĂ©e.

– Le phĂ©nomène des infanticides : les mĂ©dias font rĂ©gulièrement Ă©tat de destructions de familles. La rĂ©alitĂ© du phĂ©nomène se constate dans l’analyse des statistiques du CePiDc : les enfants de moins d’un an sont surreprĂ©sentĂ©s dans la comptabilisation des dĂ©cès de la population (en France, ils constituent 3,8% de l’ensemble des homicides, alors qu’ils ne reprĂ©sentent que 1,2% de la totalitĂ© de la population[23]). D’après un rĂ©cent constat[24], il semble que plus d’un tiers des dĂ©cès d’enfants rĂ©pertoriĂ©s comme Ă©tant accidentels, ou sans cause connue, soient en rĂ©alitĂ© des infanticides.

– L’émergence de l’euthanasie, qui prend sa place dans la sociĂ©tĂ© comme une Ă©vidence moderne : selon un sondage IFOP d’octobre 2014[25], rĂ©alisĂ© pour l’Association le droit de mourir dans la dignitĂ©, les Français seraient 96% Ă  souhaiter que la loi encadre le suicide assistĂ© et l’euthanasie, afin de permettre aux personnes qui le souhaitent d’en bĂ©nĂ©ficier. Dans la plupart des pays, l’euthanasie active est condamnĂ©e. Mais la jurisprudence autorise un peu partout une euthanasie passive (arrĂŞt des traitements Ă  la demande du patient).

– L’avortement post-natal, autre phĂ©nomène-consĂ©quence liĂ© Ă  la fois Ă  l’infanticide, l’avortement et l’euthanasie. Des chercheurs[26] ont commencĂ© Ă  travailler pour porter cette idĂ©e dans l’agora de la bioĂ©thique mondiale[27]. En rĂ©sumĂ©, puisque le cadre de dĂ©finition du statut moral de l’enfant n’est pas dĂ©fini, alors l’avortement post-natal devrait pouvoir ĂŞtre permis dans tous les cas oĂą l’avortement l’est, y compris le cas oĂą le nouveau-nĂ© n’est pas handicapĂ©. Pour le moment, l’idĂ©e est irrecevable par la communautĂ©. Mais le fait qu’on publie de telles Ă©tudes dans des revues prestigieuses (Journal of Medical Ethics) et que des chercheurs soient financĂ©s pour de telles recherches[28] appelle une attention particulière.

Il existe bien d’autres signes imputables à la relativisation de la mort, entraînant une dégradation de la perception de la vie. Dans son livre “La condition de l’homme moderne”, Annah Arendt anticipait que ce phénomène favoriserait l’émergence de nouveaux comportements :

… Le fait de couper l’homme de la mort, de la notion de mort et de la rĂ©alitĂ© de la mort devient le meilleur moyen de le ramener vers l’animalitĂ©. Le rĂ©sultat de cette transformation de la perception de la vie entraĂ®ne la perte de la quĂŞte de l’immortalitĂ©, remplacĂ©e par la prĂ©occupation du cycle vital propre Ă  la sociĂ©tĂ© de consommation.

On peut parfaitement concevoir que l’époque moderne – qui commença par une explosion d’activité humaine si neuve, si riche de promesses – s’achève dans la passivité la plus inerte, la plus stérile que l’Histoire ait jamais connue.

La tendance Ă  l’inertie, la disparition progressive de toute action, voilĂ  ce que nous sommes en train de faire. C’est donc l’avenir mĂŞme de l’homme qui est en jeu et qui suppose chercher Ă  sauver de l’oubli la quĂŞte d’immortalitĂ© [29].

 

Le mensonge de la mort moderne

Nous avons vu que la sagesse inspirée de Dieu préconise non seulement de ne pas dissocier la mort d’avec la vie, mais qu’elle conseille d’entretenir un lien continuel avec elle, opposant «la maison de la joie» (représentant le refuge de l’hédonisme et diverses philosophies) à la «maison du deuil» (représentant un face-à-face avec sa propre finitude, qui conduit à la recherche de l’éternité).

C’est lĂ  l’influence que diffusait l’époque mĂ©diĂ©vale au travers des diffĂ©rents moyens qui Ă©taient employĂ©s (Memento Mori, Ars Moriendi). L’inspiration Ă©tait spirituelle, l’expression Ă©tait religieuse.

Il en est autrement dans la sociĂ©tĂ© moderne : depuis le milieu du XXè siècle, nous sommes entrĂ©s dans une succession de crises (sociales, Ă©conomiques, politiques, civilisationnelles) dont la plus importante est sans doute une dĂ©spiritualisation[30], Ă©tape prĂ©paratoire vers une phase finale dont parlent les prophĂ©ties bibliques[31].

Les comportements ont donc changĂ© : on Ă©vite de se penser comme mortel, on travaille avec acharnement Ă  faire reculer les effets de l’âge, on cherche l’éternelle jeunesse, et le chiffre d’affaire annuel de la cosmĂ©tique[32] et de la chirurgie esthĂ©tique[33] dĂ©montre bien la rĂ©alitĂ© de ce phĂ©nomène, qui prend de plus en plus d’ampleur.

Cependant, «la mort» n’est pourtant pas absente de la scène du Monde, et la société moderne entretient plusieurs types de représentations, qui paradoxalement travaillent davantage à une forme de banalisation qu’à une stimulation de la réflexion:

– une reprĂ©sentation brute de la mort, mais distante, sous la forme d’images qui s’invitent chaque jour dans notre salon, avant/pendant/après le repas, en Ă©coutant et en regardant les infos du jour. Accidents, attentats, assassinats, suicides, meurtres, Ă©pidĂ©mies, catastrophes : des morts de toutes sortes, absurdes, choquantes, brutales, mais toujours lointaines. Une mort que nous n’avons pas le temps d’analyser ou de comprendre, qui dure Ă  peine une seconde, qui ne nous concerne pas de près et donc ne nous questionne pas, parce qu’elle est dĂ©tachĂ©e de nous, impersonnelle : c’est ce que la psychologie sociale appelle «le concept de la mort kilomĂ©trique [34]». La sociĂ©tĂ© antique apprenait Ă  accepter sa propre mort, tandis que la sociĂ©tĂ© moderne, la mort des autres.

– une représentation esthétisée à l’excès par l’industrie cinématographique, qui met en scène une mort fictive, étroitement unie à une violence extrême, — fictive elle aussi — dans des images puissantes, qui plongent les spectateurs dans des expériences émotionnelles de plus en plus réalistes dans la forme, tandis que le sens réel est complètement absent. La mise en scène de la mort ne dure qu’un instant, et on passe à autre chose. C’est sans doute dans cet espace théatralisé que le sens de la vie et de la mort a subi le plus de désinformation et de transformation au cours du XXè siècle.

– une représentation erronée destinée à l’imaginaire de l’enfance et de l’adolescence, au travers de jeux électroniques de plus en plus sophistiqués (3D, réalité virtuelle), où on joue sa vie et celle des autres, simplement pour performer son score, des «jeux» où la relativisation de la mort est poussée à l’extrême. Certes, la mort y existe, comme une menace latente pouvant s’exécuter à tout moment, mais tempérée par la possibilité de recommencer à l’infini, sorte d’éternité qui conditionne l’inconscient du joueur[35]. Mais c’est en réalité la valeur de la vie qui est atteinte et modifiée[36].

Les idéologues de cet opium psychique prétendent que l’idée de la mort — qui est déstructurante de par son caractère irrévocable et inexplicable — doit être apprivoisée au moyen d’une multitude de productions imaginaires dans le but d’atténuer son «pouvoir dissolvant», et par là même, son caractère angoissant. On utilise (et exploite) la fonction euphémisante de l’imaginaire pour dénaturer et refouler la vraie mort, alors qu’il faudrait au contraire l’intégrer: car c’est le seul moyen pour l’être humain de se penser comme mortel, et c’est là justement le message de l’Ecclésiaste.

On ne peut donc pas dire que l’exposition de la mort soit absente de la société moderne. Elle semble au contraire très présente, mais dans une fiction continuelle, qui contribue à sa banalisation. On parle d’elle, on la montre, mais sans qu’il soit possible de sonder personnellement sa signification, sinon en s’identifiant à des personnages et des situations fictives. Cette relation distante avec la mort n’a bien sûr plus rien à voir avec « la maison de deuil » dont parle l’Ecclésiaste.

De nouveaux signes sociaux

Les différents phénomènes qui modifient la perception de la mort conduisent logiquement à une sous-estimation de son importance, dans l’inconscient de chacun.

Nous ne pouvons que constater autour de nous les effets de cette pensĂ©e, de ce dĂ©ni, lorsque par exemple la sociĂ©tĂ© de consommation commercialise des produits qui donnent la mort (c’est Ă©crit dessus, comme dans le cas du tabac) tandis que des gens continuent de les consommer, aveugles Ă  la rĂ©alitĂ© de la mort, sourds Ă  sa vĂ©ritĂ©. Parce que la vĂ©ritĂ© et la rĂ©alitĂ© sont occultĂ©es par le mensonge, noyĂ©es sous un dĂ©luge d’images sĂ©duisantes et de fausses promesses, dans une dynamique de recherche du plaisir, qui supplante tout.

On comprend donc que l’inconscient collectif, marqué par une relativisation de la mort, n’oppose pas de résistance à la tentation d’en porter la marque visible : de la profondeur de jadis à la superficialité moderne, il était logique que la relation avec la mort devienne simplement une histoire d’image. La mode s’est donc emparée de l’emblème, qui prend sa place dans la société, n’étant plus un objet d’aversion ou de crainte, mais une marque comme une autre.


Contrairement aux apparences, nous n’assistons pas ici Ă  un retour du Memento Mori, puisqu’ici il n’y a pas de message philosophique, sauf peut-ĂŞtre indirectement celui du nihilisme[37] qui est vĂ©hiculĂ© par une culture de mort (voir certains courants musicaux comme le hard/black/death metal).

Le signe de mort, tel que nous le voyons apparaître un peu partout aujourd’hui, après avoir été une marque de reconnaissance destinée à véhiculer la peur, réservé à des groupes marginaux, descend dans la rue pour devenir un emblème — que les fashion victims payent pour pouvoir le porter. La marque de la mort est devenue un signe branché pour une communauté de consommateurs anésthésiés qui n’ont plus peur de rien, puisqu’ils ne croient plus en rien.

Ce pénomène illustre peut-être, en mode mineur, le mécanisme d’une autre marque : la Bible annonce qu’à la fin des temps, un grand nombre de personnes prendront volontairement sur elles ce que les Écritures appellent «la Marque de la Bête[38]» : une marque de perdition, que logiquement nous ne devrions pas accepter (et encore moins désirer), mais qui se retrouvera sur certains, malgré tout. Parce que le sens de l’analyse spirituelle et de la compréhension personnelle des choses sera gravement altéré.

 

Les signes d’apostasie

Il est inĂ©vitable que les temps changent, que des transformations s’opèrent de manière incessante, — et que surviennent des scandales[39]. Il est nĂ©cessaire que les choses puissent Ă©voluer, mais tous les changements ne sont pas synonymes de progrès, et ce n’est pas lĂ  une pensĂ©e rĂ©actionnaire[40], ou moralisatrice, mais une rĂ©flexion qui s’inspire d’une sagesse biblique immuable, qui plaide pour que certains repères, certaines valeurs, survivent dans la gĂ©nĂ©ration suivante: Â«Ne dĂ©place pas la borne ancienne, que tes pères ont posĂ©e»[41]. Contrairement Ă  la sagesse populaire qui prĂ´ne «de vivre avec son temps», la sagesse biblique prĂ©conise de «ne pas s’y conformer»[42] : Vivez dans ce monde, ne cherchez pas Ă  vous y soustraire[43], mais n’oubliez pas que vous appartenez en rĂ©alitĂ© Ă  un autre système de valeurs, une autre royaume[44], ou selon un terme plus actuel : une autre «sociĂ©té».

Nous enregistrons aujourd’hui tellement de signes d’apostasie (dans la société occidentale et christianisée) qu’il devient évident, même pour les commentateurs non-croyants, que nous sommes entrés dans une phase de déconstruction de l’héritage du judéo-christianisme. C’est exactement ce qu’évoquent certaines prophéties bibliques :

«Ne vous laissez pas facilement Ă©branler dans votre bon sens, et ne vous laissez pas troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur Ă©tait dĂ©jĂ  lĂ . Que personne ne vous sĂ©duise d’aucune manière; car il faut que l’apostasie soit arrivĂ©e auparavant, et qu’on ait vu paraĂ®tre l’homme du pĂ©chĂ©, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-mĂŞme Dieu » (2 Thessaloniciens 2/2 Ă  4)

«Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront Ă©goĂŻstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphĂ©mateurs, rebelles Ă  leurs parents, ingrats, irrĂ©ligieux, insensibles, dĂ©loyaux, calomniateurs, intempĂ©rants, cruels, ennemis des gens de bien, traĂ®tres, emportĂ©s, enflĂ©s d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piĂ©tĂ©, mais reniant ce qui en fait la force. Eloigne-toi de ces hommes-lĂ  » (2 TimothĂ©e 3/1 Ă  5).

«Malheur Ă  ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les tĂ©nèbres en lumière, et la lumière en tĂ©nèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume!» (EsaĂŻe 5/20).

 

Le chrétien et la «maison de deuil»

Nous avons vu que le Monde (la société des hommes sans Dieu) est parcouru d’influences qui façonnent les mentalités, orientent la culture et alimentent l’inconscient collectif. Le «progrès» est interprété généralement en terme de protection et d’augmentation de la liberté personnelle.

Quels sont les effets sur l’Église ? Les chrĂ©tiens sont exposĂ©s, comme tout un chacun, Ă  toutes les influences de l’esprit du Monde, c’est pourquoi ils sont appelĂ©s Ă  vivre dans une veille active[45]. La pression de la recherche du plaisir est en constante augmentation dans la sociĂ©tĂ© qui nous entoure : si les chrĂ©tiens n’y sont pas attentifs, s’ils y succombent un tant soit peu, alors ils perdront le contact progressivement avec les valeurs qui ne se trouvent que dans «la maison de deuil»: ils troqueront des valeurs Ă©ternelles pour des valeurs temporelles[46] et se retrouveront — par un mouvement mĂ©canique logique — dans la «maison de la joie». C’est-Ă -dire dans une vie de foi basĂ©e sur la recherche des plaisirs spirituels et d’une marche Ă  moindre coĂ»t.

Dans ses fondements, le christianisme est pourtant liĂ© Ă  «la maison du deuil», dans son ADN spirituel, au travers du sacrifice du Seigneur JĂ©sus. En effet, il est entrĂ© dans le monde pourmourir et nous pouvons considĂ©rer que chaque pas qu’il a fait en public, chaque message, chaque action, s’est inscrit dans cette perspective. La mort (la maison de deuil) faisait partie de sa vie avant mĂŞme qu’il soit l’heure pour lui d’y entrer.

Qu’en est-il pour nous ?

Dans le point de dĂ©part de notre christianisme (la dĂ©couverte de la justification par la Grâce), nous avons Ă©tĂ© acceptĂ©s par Dieu tel que nous sommes, sans que rien ne nous soit demandĂ©, sinon la reconnaissance de l’état de pĂ©chĂ© de la nature humaine et la rĂ©demption par Christ :«Car Dieu a tant aimĂ© le monde qu’il a donnĂ© son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne pĂ©risse point, mais qu’il ait la vie Ă©ternelle » (Jean 3/16).

Mais les choses ne s’arrĂŞtent pas lĂ . Ce chemin de Salut nous entraĂ®ne dans une marche vers l’identification avec Christ, puis dans une incarnation, que Dieu dĂ©sire la plus aboutie possible («…jusqu’à ce que Christ soit formĂ© dans vos cĹ“urs »[47], «… participants de la nature divine »[48]).

Ce processus d’incarnation, de transformation, est une dĂ©marche constante, un chemin exigeant, qui consiste d’une part au dĂ©pouillement de ce que l’apĂ´tre Paul appelle “le vieil homme”, et d’autre part au revĂŞtissement du nouvel homme [49].

Tout christianisme qui se refuserait Ă  intĂ©grer le renoncement Ă  soi-mĂŞme dans l’existence ne serait plus le christianisme. C’est Ă©galement lĂ  le sens de «la maison de deuil» dont parle l’Ecclesiaste, et dont la frĂ©quentation vaut mieux que «la maison de joie». Il faut en effet accepter de rĂ©aliser le deuil de ce que nous possĂ©dons, et, bien au-delĂ , de ce que nous sommes en Adam :

« Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas Ă  tout ce qu’il a, NE PEUT PAS ĂŞtre mon disciple »[50] â€¦

« Si quelqu’un vient Ă  moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et mĂŞme sa propre vie, IL NE PEUT PAS DEVENIR mon disciple Â»[51] : il pourra ĂŞtre un croyant, mais il ne pourra pas entrer dans le corps des disciples (il y a une diffĂ©rence ![52]).

Ainsi, suivre JĂ©sus impliquera OBLIGATOIREMENT de connaĂ®tre «la maison de deuil», non pour s’y Ă©tablir et vivre une foi misĂ©rabiliste et nĂ©vrosĂ©e, mais parce que c’est la composante indispensable d’une vie spirituelle dynamique : Â«regardez-vous comme morts au pĂ©chĂ©, et comme vivants pour Dieu en JĂ©sus-Christ» (Romains 6/11). Il ne s’agit pas seulement de considĂ©rations thĂ©ologiques, ou d’une thĂ©orie mystique, mais de vĂ©ritĂ©s qui contiennent une dimension pratique et dynamique.

Pendant les 19 premiers siècles de notre ère, les enseignements fondamentaux de la perfection spirituelle (la sanctification) ont mis l’accent sur la nécessité d’intégrer une mort dynamique (note 44) pour le développement de la vie de Dieu dans le cœur du croyant. Aujourd’hui, quel livre en vogue dans le christianisme moderne en parle encore ? Un grand nombre d’enseignements sont imprégnés de la recherche du bien-être, de l’amélioration des conditions de vie, de la réussite, de la prospérité … en un mot de perspectives terrestres.

La «maison de deuil», dans le sens de la mort Ă  soi-mĂŞme, contient un ensemble de vĂ©ritĂ©s spirituelles qui ne peuvent se recevoir que par l’expĂ©rience personnelle, (ce qui nous protègera d’une gestion intellectuelle du sujet). C’est le seul moyen d’une vĂ©ritable progression spirituelle, pour la connaissance de Christ : Â«Si le grain de blĂ© ne meurt, il ne peut porter de fruit» (Jean 12/28), et nous savons que JĂ©sus ne parlait pas seulement de lui.

Le grain de blĂ© doit tomber dans le sol et mourir. Nous, qui prĂŞchons l’Evangile, nous ne devons pas nous considĂ©rer comme des agents des relations publiques, envoyĂ©s pour Ă©tablir de bons rapports entre Christ et le monde. Nous ne devons pas nous imaginer chargĂ©s de mission pour rendre Christ acceptable auprès du grand commerce, de la presse, du monde du sport, ou de l’enseignement moderne. Nous ne sommes pas des diplomates, mais des prophètes, et notre message n’est pas un compromis, mais un ultimatum. Dieu offre la vie, mais pas la vie ancienne amĂ©liorĂ©e. La vie qu’Il offre est une vie qui renaĂ®t de la mort [53].

La lumière de Christ brille dans «la maison de deuil» comme nulle part ailleurs : bien qu’elle soit perçue extérieurement comme un espace de mort, elle est à l’intérieur un espace de vie[54]. Pour les enfants de Dieu, pour ceux qui marchent par la foi, elle est devenue une maison de vie.

C’est grâce Ă  cette expĂ©rience acceptĂ©e et vĂ©cue, que certains sont rendus capables d’entrer dans une vision spirituelle libĂ©rĂ©e, et de voir (par exemple) le principe de la perte avec un regard diffĂ©rent : Â« acceptant avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours» (HĂ©breux 10/34).

 

L’ancienne croix et la nouvelle croix[55]

«Sans la mort à soi, il n’y a aucun espoir d’échapper à la puissance de satan sur notre vie»(William Law).

On cherche beaucoup aujourd’hui Ă  donner une image positive de la croix (lorsqu’on en parle encore), Ă  la dĂ©pouiller de ce qui fait peur, de ce qui fait mal et de ce qui coĂ»te. C’est une erreur, car la croix est incontestablement un espace qui a quelque chose Ă  voir avec la souffrance, avec la perte volontaire (renoncement) avec la mort, notre mort personnelle, en tant que seul moyen d’entrer dans une rupture de nos esclavages naturels. La croix, c’est un espace de solitude, c’est le seul endroit oĂą la mort peut exercer son minsitère libĂ©rateur… [56]Seul, Â«celui qui est mort est libre du pĂ©chĂ© » (Romains 6/7).

Et la Parole de Dieu nous demande d’accepter d’être prĂŞts, Ă  tout instant, Ă  nous soumettre Ă  son conseil et Ă  son jugement[57]. Non pas d’envisager l’ensemble de notre vie avec une menace quotidienne, un fardeau Ă©crasant, une atmosphère morbide, mais comme acceptant le joug qui consiste Ă  marcher avec Christ en lui abandonnant le contrĂ´le de notre destin. Ce ne sera jamais un fardeau pesant (car son joug est doux, Matthieu 11/30), ce sera au contraire un soulagement, celui d’avoir changĂ© de maĂ®tre, et de savoir que ce que nous Lui avons confiĂ© est entre de bonnes mains.

On devrait donc entendre le mot «mort» dans le sens d’une abdication de principede notre volontĂ© naturelle, (ce qui ne va pas sans difficultĂ©s) et de l’acceptation du dĂ©pouillement du gouvernement charnel auquel nous sommes liĂ©s naturellement. Et cette partie dĂ©pend presqu’entièrement du travail du Saint-Esprit dans nos cĹ“urs et dans nos vies. Ce dont nous avons besoin, ce que nous attendons, ce après quoi nous soupirons, c’est que l’ancienne crĂ©ation prenne sa place, “dans la mort”, c’est-Ă -dire en retrait, au second plan : Â« Ignorez-vous que nous tous qui avons Ă©tĂ© baptisĂ©s pour le Christ JĂ©sus, nous avons Ă©tĂ© baptisĂ©s pour sa mort? Nous avons donc Ă©tĂ© ensevelis avec lui par le baptĂŞme, pour la mort, afin que comme Christ a Ă©tĂ© ressuscitĂ© d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveautĂ© de vie» (Romains 6/3).

Les Écritures attestent que la mort du vieil homme est un fait accompli par Christ, mais que ce fait a besoin de devenir une expĂ©rience vivante : la vie naturelle est lĂ , et sera toujours prĂ©sente («et si je vis dans la chair…»[58]) mais elle doit ĂŞtre, d’une manière ou d’une autre, placĂ©e en retrait, tenue dans une mentalitĂ© d’abdication des droits naturels (souvent en faisant taire les peurs) afin que la vie de Christ ne soit pas supplantĂ©e, dĂ©tournĂ©e, instrumentalisĂ©e. Faute de quoi les fleuves d’eaux vives ne pourraient jamais s’écouler[59], car ils ne jaillissent que dans un cĹ“ur oĂą Christ est Seigneur, lorsque notre couronne est Ă  ses pieds.

«La maison de deuil» pourrait-elle éviter de résonner de discours et de réflexions sur la mort ? Le christianisme naturel (charnel) le voudrait, lui qui a la démangeaison d’entendre des choses agréables[60]. Et ses reproches ne peuvent baisser en intensité, à mesure que l’apostasie augmentera.

La vieille croix n’avait aucun rapport avec le monde. Pour la chair orgueilleuse d’Adam, elle signifiait la mort. Elle mettait à exécution la sentence imposée par la loi du Sinaï.

La nouvelle croix, elle, n’est pas opposée à la race humaine; elle en est, au contraire, une partenaire amicale et, si je comprends bien, elle alimente un flot d’amusements légitimes et bons et d’innocentes réjouissances. Elle laisse Adam vivre sans entraves, avec une motivation inchangée; il peut continuer à vivre pour son plaisir et, maintenant, au lieu de se réjouir à chanter des chansons douteuses en buvant des boissons fortes, il se réjouit à chanter des cantiques et à regarder des films religieux. L’accent reste toujours sur la jouissance … qui se tient sur un plan plus élevé ![61]

La «maison de deuil» n’est un lieu de mort qu’en apparence, car en rĂ©alitĂ©, c’est un lieu de vie, celui de la vie cachĂ©e Ă  laquelle tout croyant aspire, et Ă  laquelle tous sont destinĂ©s : Â«car vous ĂŞtes morts, et votre vie est cachĂ©e avec Christ en Dieu» (Colossiens 3/3).

Nous devons donc tenir fermement cette vision, cette vĂ©ritĂ©, en nous souvenant que la rĂ©alitĂ© spirituelle invisible de la PentecĂ´te, c’est la Pâque : il ne peut y avoir de puissance de rĂ©surrection sans la croix. Il en est de mĂŞme du croyant. Sans la foi (celle qui conduit Ă  la mort effective du vieil homme, le renoncement Ă  ses pensĂ©es, l’abdication de ses forces), il est impossible de lui plaire[62].

Paul dit Ă  TimothĂ©e : Â« prends ta part des souffrances[63]»: Ă©tait-ce une exhortation mystique empreinte de religiositĂ© morbide ? Pour ce qui les concernait, ils devaient faire face Ă  une opposition sĂ©vère et cruelle : Â« celui qui voudra vivre pieusement en JĂ©sus-Christ sera persĂ©cutĂ© » (2 TimothĂ©e 3/12). Pour ce qui nous concerne, l’exhortation moderne du vrai christianisme appelle moins Ă  chercher la souffrance qu’à ne pas la craindre, ne pas la fuir, ne pas lui tourner le dos. Parce que si le christianisme moderne dĂ©serte la «maison de deuil» pour habiter dans la «maison de joie», alors ce sera la fin du vrai service, du don de soi, de la fidĂ©litĂ©, de l’engagement et de l’esprit de sacrifice, ce sera la fin du vĂ©ritable amour, celui qui repose sur un choix, et non sur un plaisir. Ce sera le triomphe de l’émotionnel, de la facilitĂ©, de l’individualisme, en un mot : de l’humain.

 

Un croisement de directions

La vie naturelle est une inclination à emprunter la direction opposée à la croix : elle cherche la vie, la liberté, le plaisir (l’évitement de la souffrance), la préservation des intérêts personnels (l’individualisme, l’égocentrisme).

La Croix, quant à elle, est porteuse de principes parfaitement antagonistes : la mort du domaine naturel, l’abandon de la volonté propre, l’identification à la mort de Christ… POUR la vie spirituelle qui en découle : le service de Dieu, l’amour du prochain comme soi-même.

Cette démarche, abondament présentée par les auteurs néo-testamentaires, est porteuse d’une forme de contrainte évidente — l’obéissance de la foi — qui en est la clé. L’obéissance provoque, de la part de Dieu, la mise à disposition des ressources nécessaire à l’accomplissement de sa volonté. À contrario, la résistance à l’entrée de Dieu dans Ses droits sur notre vie («car vous n’êtes plus à vous-mêmes»[64]) provoque la tiédeur, le désèchement et rend, au-dessus de nous, le ciel d’airain. La Croix (et le Saint-Esprit en nous) nous amène à nous défier de l’insouciance (le chemin large et spacieux[65]) et de toutes les philosophies qui utilisent ces notions, pour leur préférer le chemin étroit, qui mène à la porte étroite.

Les notions de plaisir et de facilitĂ© sont totalement opposĂ©es Ă  la croix ancienne, et au principe de sacrifice que l’apĂ´tre Paul (par exemple) met si souvent en avant. La croix ne vĂ©hicule jamais l’idĂ©e d’un service construit sur le plaisir, alors que des voix s’élèvent dans le christianisme en faveur d’un hĂ©donisme chrĂ©tien[66], c’est-Ă -dire une vie spirituelle dont le fondement n’est plus la croix. Il s’agit donc d’un christianisme qui ne pourra Ă©viter de Â« marcher en ennemi de la croix ».[67]

La nouvelle croix (la croix naturelle, en opposition Ă  l’ancienne croix) ne met pas le pĂ©cheur Ă  mort : elle le rĂ©oriente. Elle le renvoie dans une autre direction, dans un mode de vie plus sain et plus heureux, tout en sauvegardant son amour-propre. A celui qui est autoritaire, elle dit : «Viens et affirme-toi pour Christ!». A celui qui est imbu de lui-mĂŞme, elle dit : «Viens et glorifie-toi dans le Seigneur !». A celui qui est avide d’émotions, elle dit : «Viens et repais-toi de communion fraternelle». Le message de l’Evangile est dĂ©viĂ©, obliquĂ©, dans le sens du courant en vogue, pour ĂŞtre acceptĂ© du public. La philosophie qui se tient derrière est sans doute sincère, mais sa sincĂ©ritĂ© ne l’empĂŞche pas d’être fausse. Elle est fausse parce qu’elle est aveugle. Elle passe complètement Ă  cĂ´tĂ© de la signification fondamentale de la croix[68].

La Croix amènera notre intĂ©rĂŞt personnel Ă  son niveau le plus bas, dans un dĂ©pouillement totalement inverse Ă  la doctrine de la ProspĂ©ritĂ©,[69] Ă©manation d’un Ă©vangile post-moderne — l’évangile du vieil homme — qui relève d’une thĂ©ologie terrestre et humaine[70]. Et nous savons que le christianisme humain ne pourra Ă©viter de prĂŞcher un Dieu qu’on amène au niveau de l’humain, (alors que l’évangile fait le contraire) : c’est le pĂ©chĂ© du veau d’or, c’est-Ă -dire un amĂ©nagement de la religion dont les exigences anciennes et rĂ©vĂ©lĂ©es sont Ă©cartĂ©es, pour ne conserver que les formes extĂ©rieures principales : c’est l’humanisme chrĂ©tien, qui n’a plus de chrĂ©tien que le nom[71].

Pour Christ, la Croix a été un abaissement et un dépouillement qui précédait la gloire[72]. Pour nous, l’expérimentation acceptée de la croix pourra sembler nous appauvrir extérieurement, tandis que dans le même temps, notre homme intérieur se renouvellera d’une manière incompréhensible et inattendue[73]. Il s’agit là d’un chemin totalement inaccessible à la compréhension et aux aspirations du chrétien post-moderne qui n’envisage la foi que par l’addition et la multiplication, tandis que l’Esprit de vie se sert du brisement pour faire émerger la vie véritable. Parce qu’alors le Fils est à sa place.

La Croix (la maison de deuil) est une folie pour l’Homme livrĂ© Ă  ses sens, cherchant son propre Ă©panouissement, parce qu’il ne cherche qu’à ajouter tandis que son appel spirituel consiste Ă  accepter le retranchement du Naturel : c’est pourquoi le christianisme charnel ne pourra Ă©viter de s’opposer Ă  la croix, et par voie de consĂ©quence, Ă  Christ Lui-MĂŞme, tout en se revendiquant de lui[74].

La Croix est aussi une folie lorsqu’il s’agit pour nous d’accepter de la prendre comme une marque sur notre vie (tandis que d’autres choisissent de prendre une autre marque,[75] la marque de la BĂŞte, celle de tous les autres systèmes), et d’accepter de la porter chaque jour, pour suivre l’idĂ©al et le dĂ©sir de l’Esprit en nous[76], ce chemin que nous reconnaissons intĂ©rieurement comme le meilleur, le plus haut Ă©levĂ©, celui sur lequel mĂŞme l’insensĂ© ne peut pas s’égarer[77].

La vieille croix est un symbole de mort. Elle représente la fin soudaine et brutale d’une vie humaine. Du temps des Romains, celui qui se chargeait de sa croix et qui s’engageait sur le sentier de la mort avait déjà dit adieu à ses amis. Il savait qu’il ne reviendrait pas. Il partait pour toujours. La croix ne faisait aucun compromis, elle ne modifiait rien, elle n’améliorait rien, elle n’épargnait rien; elle immolait tout en l’homme, complètement et définitivement. Elle n’essayait pas de rester en bons termes avec sa victime. Elle frappait dur et cruellement, et quand elle avait achevé son oeuvre, il ne restait rien de l’homme, il n’existait plus.

La race d’Adam est sous la sentence de mort. Il ne peut y avoir aucune commutation de peine, aucune échappatoire. Dieu ne peut approuver aucun des fruits du péché, aussi innocents ou agréables qu’ils puissent paraître aux yeux des hommes. Dieu doit mettre l’homme «à sac» et le «liquider» totalement, avant de pouvoir le relever en nouveauté de vie.

Cette prédication d’évangélisation qui établit des parallèles conciliants entre les voies de Dieu et celles des hommes est traître envers la Bible et cruelle pour l’âme des auditeurs.

La foi en Christ ne va pas en parallèle avec le monde, au contraire, elle le coupe. En venant à Christ, nous ne haussons pas notre vieille nature à un niveau supérieur, nous l’abandonnons à la croix[78].

 

Conclusion

La mise en opposition de la « maison de joie » et de la « maison de deuil » qui est faite par le livre de l’Ecclésiaste reflète assez exactement la dualité du christianisme de la fin des temps, qui nous est annoncé par Dieu comme cédant à la facilité — et donc tournant le dos à la difficulté :

«Dans les derniers temps … L’amour du plus grand nombre se refroidira …» [79]

«Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles.… les hommes prĂ©fĂ©reront le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piĂ©tĂ©, mais reniant ce qui en fait la force Â»[80].

… Aimant le plaisir plus que Dieu : il ne s’agit pas seulement de la description du monde des incroyants, mais également du monde des croyants, une description qui touche à la maison de la foi. Aimer le plaisir, c’est chercher à vivre une vie spirituelle qui ne coûte rien, et surtout aucun effort : ce qui entraîne la disparition du sacrifice de l’autel[81].

Quel est donc l’appel pour ce temps ? Dieu cherche une Église — un christianisme — qui ne se coupe pas de «la maison de deuil», Il cherche une foi dans laquelle la mort peut agir, comme l’exprimait l’apĂ´tre Paul : Â«la mort agit en nous pour que la vie agisse en vous» [82]… et non pas seulement un Corps qui cherche Ă  optimiser toutes les possibilitĂ©s de plaisirs religieux, afin de proposer au monde une formule qui soit acceptable par lui.

Mais le Seigneur trouvera-t-il cette Église et cette foi Ă  son retour ? [83]

 

 

Jérôme Prekel®www.lesarment.com/dec2014

La brochure en pdf Apostasiefinal

 

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[1] HĂ©donisme (du grec ancien : δονή / hēdonē, « plaisir » et du suffixe -ισμός / -ismĂłs) est une doctrine philosophique grecque selon laquelle la recherche du plaisir et l’évitement du dĂ©plaisir constituent l’objectif de l’existence humaine.

[2] Parmi les caractĂ©ristiques du concept de la sociĂ©tĂ© post-moderne, on trouve : le culte du prĂ©sent, la recherche du bien-ĂŞtre personnel, la fragilisation de l’identitĂ©. Dans “Les Tempshypermodernes”, le sociologue Gilles Lipovetsky estime que depuis les annĂ©es 80, nous sommes passĂ©s de la recherche de l’épanouissement de soi Ă  l’obsession de soi (crainte de la maladie, de l’âge…). L’hypermodernitĂ© entraĂ®ne un mouvement qui centre toujours davantage les choses sur l’individu en valorisant l’hĂ©donisme libertaire, favorisĂ© par la disparition des repères et des structures d’encadrement traditionnel (État, religion, famille).

[3] EcclĂ©siaste 2/10, 9/7, Proverbes 10/28.

[4] Galates 5/22 : Â« Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bontĂ©, la bĂ©nignitĂ©, la fidĂ©lité…»

[5] Â« Ce qui donne un sens Ă  la vie donne un sens Ă  la mort » (Antoine de Saint-ExupĂ©ry, Terre des hommes, p. 244)

[6] (-106 Ă  -43)

[7] Â«Devant la mort» (Première Tusculane), par Pierre Grimal, ArlĂ©a, p. 74-75.

[8] Ou selon Tertullien au chapitre 33 de son ApologĂ©tique : Â« Respice post te! Hominem te esse memento! Â» (« Regarde autour de toi, et souviens toi que tu n’es qu’un homme ! Â»). http://fr.wikipedia.org/wiki/Memento_mori

[9] Philippe Martin «Petite anthologie du bien-mourir»; Charles Quint, (1500-1558)

[10] Claude Masset, Laboratoire d’ethnologie prĂ©historique – UMR 7041 du CNRS et de l’UniversitĂ© Paris I. : Â«Ă€ quel âge mouraient nos ancĂŞtres ?»

[11] Photo cadran solaire de Calvisson par Michel Lalos http://michel.lalos.free.fr/cadrans_solaires/autres_depts/gard/cs_30_nimes.php

[12] Essai sur l’histoire de la mort en Occident, du Moyen Age Ă  nos jours, de Ph Ariès.

[13] Â«Tous les ennuis que nous vaut la vie moderne sont dus Ă  ce qu’il y a divorce entre la nature et nous». Isaac Asimov (Les cavernes d’acier).

[14] En 2009, 70% des dĂ©cès ont lieu en milieu hospitalier, «La mort Ă  l’hĂ´pital», Rapport RM2009-124P de l’Inspection GĂ©nĂ©rale des Affaires Sociales

[15] Essai sur l’histoire de la mort en Occident, du Moyen Age Ă  nos jours de Philippe Ariès.

[16] Source OMS : PrĂ©vention du suicide, l’état d’urgence mondial (2014)

http://www.who.int/mental_health/media/en/382.pdf

[17] La sous-estimation du nombre de dĂ©cès par suicide peut provenir par exemple d’un dĂ©faut de dĂ©claration par les instituts mĂ©dico-lĂ©gaux ou de l’existence de « suicides cachĂ©s Â» inscrits dans d’autres rubriques de dĂ©cès comme les accidents ou les intoxications.

[18] selon le Dr Shekhar Saxena, responsable du rapport «PrĂ©vention du suicide»

[19] Exemples : en 2011, tuerie d’Oslo par Anders Breivik, chrĂ©tien islamophobe : 77 morts, 151 blessĂ©s – en 2012, aux États Unis, 7 fusillades ont provoquĂ© la mort de 68 personnes.

[20] www.leparisien.fr/espace-premium/actu/des-ados-abattent-un-jeune-homme-pour-s-amuser-22-08-2013-3070555.php

[21] D’après le psychologue Franck Ardouin, spĂ©cialiste des adolescents meurtriers

www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/ados-meurtriers_489876.html#MZoLTCOwssq3GoUj.99

[22] Le site de l’OMS indique que sur les quelques 211 millions de grossesses qui surviennent chaque annĂ©e, 46 millions se terminent par un avortement provoquĂ©, soit plus de 20 %. Ce chiffre est Ă  majorer par tous les actes clandestins, qui ne sont donc pas rĂ©pertoriĂ©s. (www.who.int/whr/2005/chapter3/fr/index3.html)

[23] DonnĂ©es CĂ©piDc (Centre d’épidĂ©miologie sur les causes mĂ©dicales de dĂ©cès)– Inserm, 2008

[24] Anne Tursz (Inserm U988/Cermes3, Site Cnrs, Villejuif, 94), qui participait au dernier congrès des SociĂ©tĂ©s mĂ©dico-chirurgicales de pĂ©diatrie (juin 2014 Ă  Bordeaux). Source : Dr Marielle ammouche, (site egora)

[25] http://www.ifop.com/media/poll/2818-1-study_file.pdf

[26] Francesca Minerva (Univ. de Melbourne et Alberto Giubilini, (Univ. de Milan)

[27] www.huffingtonpost.fr/johann-roduit/avortement-postnatal-aton_b_1374577.html

[28] Alberto Giubilini n’est pas un inconnu en France : il a Ă©tĂ© invitĂ© Ă  participer au colloque « Ethique famille » organisĂ© Ă  la mairie du XVIe arrondissement de Paris sous l’égide du CNRS, de l’universitĂ© Paris-Descartes, de l’Union nationale des Associations familiales, avec Axel Kahn (www.colloque-ethique-famille.fr/spip.php?rubrique30).

[29] Hannah Arendt : Â«La condition de l’homme moderne».

[30] Â«Les Ă©tapes du capitalisme libĂ©ral au totalistarisme universel seront prĂ©cisĂ©ment les Ă©tapes de la dĂ©spiritualisation progressive de l’homme», Georges Bernanos, (cahiers de la PlĂ©iade, juin 1948)

[31] 2 Thess 2/8-10 : Â«Et alors paraĂ®tra l’impie, que le Seigneur JĂ©sus dĂ©truira par le souffle de sa bouche, et qu’il anĂ©antira par l’éclat de son avènement» + Apoc. 13/16

[32] Il est estimĂ© Ă  plus de 425 milliards d’euros (source : Euromonitor International, 2009–www.cosmetic-valley.com/page/presentation/chiffres-cles). Ă€ titre de comparaison, le montant global de la rĂ©ponse humanitaire internationale en 2010 (aide publique au dĂ©veloppement comprise) a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  moins de 200 milliards de dollars. (Global Humanit. Assist. report 2011).

[33] 4,5 milliards d’euros, en croissance de 10% l’an, grâce aux nouvelles techniques de rajeunissement non invasives (botox).

[34] Le phĂ©nomène du « mort kilomĂ©trique Â» correspond au fait que les mĂ©dias accordent de l’importance aux victimes d’un drame en fonction de la distance qui les sĂ©pare du tĂ©lĂ©spectateur, auditeur ou lecteur. Parce qu’on a constatĂ© que l’empathie du tĂ©lĂ©spectateur est proportionnelle Ă  sa proximitĂ© gĂ©ographique personnelle du drame.

www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=219&Itemid=77

[35] www.omnsh.org/ressources/448/la-figuration-de-la-mort-dans-les-jeux-video-de-roles-et-daventures-de-la-fonction

[36] Le TĂ©moignage de JP. Rozenczeig, prĂ©sident du Tribunal pour enfants de Bobigny (93) :« Un certain nombre de jeunes sont dans un monde irrĂ©el : ils enfoncent un couteau dans le coeur de quelqu’un pour lui prendre sa montre et ils s’étonnent qu’il ne se rĂ©veille pas Â».

[37] Le nihilisme (du latin nihil, « rien ») est un point de vue philosophique d’après lequel le monde (et plus particulièrement l’existence humaine) est dĂ©nuĂ© de tout sens, de tout but, de toute vĂ©ritĂ© comprĂ©hensible ou encore de toutes valeurs.

[38] Apocalypse 13/17, 14/9, 14/11, 15/2, 16/2, 19/20, 20/4

[39] Matthieu 18/7

[40] Qui se montre partisan d’un conservatisme Ă©troit ou d’un retour vers un Ă©tat social ou politique antĂ©rieur.

[41] Proverbes 22/28

[42] Romains 12/2 : Â« Ne vous conformez pas au siècle prĂ©sent, mais soyez transformĂ©s par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volontĂ© de Dieu, ce qui est bon, agrĂ©able et parfait ».

[43] Jn 17/14 : Â«Je ne te prie pas de les Ă´ter du monde, mais de les prĂ©server du mal».

[44] Apocalypse 5/9 : Â«Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux; car tu as Ă©tĂ© immolĂ©, et tu as rachetĂ© pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; 10tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils rĂ©gneront sur la terre».

[45] 1 Corinthiens 16/13 : Â«Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous», 1 Pierre 5/8 : Â«Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rĂ´de comme un lion rugissant, cherchant qui il dĂ©vorera»

[46] HĂ©breux 12/16 : Â« Veillez Ă  ce qu’il n’y ait ni impudique, ni profane comme EsaĂĽ, qui pour un mets vendit son droit de premier-nĂ©. Vous savez que, plus tard, voulant obtenir la bĂ©nĂ©diction, il fut rejetĂ©, quoiqu’il la sollicitât avec larmes; car son repentir ne put avoir aucun effet ».

[47] Galates 4/19 : Â« Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formĂ© en vous…»

[48] 2 Pierre 1/4: Â« … lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus prĂ©cieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise »

[49] EphĂ©siens 4/20 Ă  24 : Â« Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ, si du moins vous l’avez entendu, et si, conformĂ©ment Ă  la vĂ©ritĂ© qui est en JĂ©sus, c’est en lui que vous avez Ă©tĂ© instruits Ă  vous dĂ©pouiller, eu Ă©gard Ă  votre vie passĂ©e, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, Ă  ĂŞtre renouvelĂ©s dans l’esprit de votre intelligence, et Ă  revĂŞtir l’homme nouveau, crĂ©Ă© selon Dieu dans une justice et une saintetĂ© que produit la vĂ©ritĂ©.»

[50] Luc 14/33

[51] Luc 14/26

[52] http://www.lesarment.com/2008/12/fondement-du-discipolat/

[53] A.W. Tozer. http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/

[54] 2 Corinthiens 2/15 : Â«Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvĂ©s et parmi ceux qui pĂ©rissent: aux uns, une odeur de mort, donnant la mort; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie».

[55] http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/

[56] www.lesarment.com/2011/03/la-base-inalterable-d’un-ciel-ouvert-c’est-une-tombe/

[57] Jean 16/8 : Â« Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le pĂ©chĂ©, la justice, et le jugement»

[58] Galates 2/20 : Â« J’ai Ă©tĂ© crucifiĂ© avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimĂ© et qui s’est livrĂ© lui-mĂŞme pour moi ».

[59] Jean 7/38 : Â« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture ».

[60] 2 TimothĂ©e 4/2 Ă  4 : «… il viendra un temps oĂą les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la dĂ©mangeaison d’entendre des choses agrĂ©ables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres dĂ©sirs, dĂ©tourneront l’oreille de la vĂ©ritĂ©, et se tourneront vers les fables.»

[61] http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/

[62] HĂ©breux 11/6

[63] 2 TimothĂ©e 2/3 : Â« Prends ta part de souffrances, comme un bon soldat de JĂ©sus-Christ. Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires de la vie, s’il veut plaire Ă  celui qui l’a enrĂ´lĂ©; »

[64] 1 Corinthiens 6/19

[65] Matthieu 7/13 : Â« Entrez par la porte Ă©troite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent Ă  la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par lĂ .»

[66] Prendre plaisir en Dieu (John Piper)

http://www.lesarment.com/2014/08/le-bonheur-de-dieu-la-fondation-de-lhedonisme-chretien/

http://www.lesarment.com/2014/08/mes-freres-songez-a-lhedonisme-chretien-par-john-piper/

[67] Philippiens 3/17 Ă  19 : Â« Soyez tous mes imitateurs, frères, et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlĂ©, et j’en parle maintenant encore en pleurant. Leur fin sera la perdition; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre.…»

[68] A.W. Tozer, http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/

[69] http://www.info-sectes.org/pseudo-evangeliques/prosperite.htm

[70] Jacques 3/15 : Â« Ce n’est pas lĂ  la sagesse qui descend d’en haut, mais une sagesse terrestre, animale, diabolique ».

[71] Â« Et tous Ă´tèrent les anneaux d’or qui Ă©taient Ă  leurs oreilles, et ils les apportèrent Ă  Aaron. Il les reçut de leurs mains, jeta l’or dans un moule, et fit un veau en fonte. Et ils dirent: IsraĂ«l! voici ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte â€¦ Lorsqu’Aaron vit cela, il bâtit un autel devant lui, et il s’écria : Demain, il y aura fĂŞte en l’honneur de l’Eternel!…» (Exode 32/3 Ă  5).

[72] Proverbes 15/33 et 18/12

[73] 2 Corinthiens 4/16 : Â« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors mĂŞme que notre homme extĂ©rieur se dĂ©truit, notre homme intĂ©rieur se renouvelle de jour en jour ».

[74] Jean 16/2 : Â«et mĂŞme l’heure vient oĂą quiconque vous fera mourir croira rendre un culte Ă  Dieu»

[75] Apocalypse 14/11 : Â« Et la fumĂ©e de leur tourment monte aux siècles des siècles; et ils n’ont aucun repos, ni jour, ni nuit, ceux qui rendent hommage Ă  la bĂŞte et Ă  son image, et si quelqu’un prend la marque de son nom Â».

[76] Jacques 4/5 : Â« L’Esprit qui demeure en nous, dĂ©sire-t-il avec envie?», Galates 5/17: Â«Car la chair a des dĂ©sirs contraires Ă  ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires Ă  ceux de la chair; ils sont opposĂ©s entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez.»

[77] Ă‰saĂŻe 35/8 : Â« Il y aura lĂ  un chemin frayĂ©, une route, Qu’on appellera la voie sainte; Nul impur n’y passera; elle sera pour eux seuls; Ceux qui la suivront, mĂŞme les insensĂ©s, ne pourront s’égarer ».

[78] A.W. Tozer, http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/

[79] Matthieu 24/11 : Â« Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils sĂ©duiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquitĂ© se sera accrue, la charitĂ© du plus grand nombre se refroidira. 13Mais celui qui persĂ©vĂ©rera jusqu’à la fin sera sauvĂ©.…»

[80] 2 TimothĂ©e 3/1 et 4, 5

[81] Romains 12/1 : Â« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, Ă  offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agrĂ©able Ă  Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable ».

[82] 2 Corinthiens 4/12

[83] Luc 18/8 : Â« Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? »



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