« Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de
Dieu, à ce qu’aucune racine d’amertume ne produise des rejetons et
ne cause du trouble, et que plusieurs n’en soient infectés ». Hébreux
12/15
Dans
mon jardin, au printemps dernier, nous avons coupé un arbre indésirable, ne
laissant qu’une souche au ras du sol. Quelques semaines et mois plus tard, des
rejetons sont apparus, sortant des côtés de la souche : les racines
continuaient d’alimenter ce qui restait du corps et la vie était toujours là ,
enfouie profondément.
L’auteur
de l’épître aux Hébreux attire l’attention des croyants sur un phénomène assez
commun de la sphère relationnelle (famille, église, travail) : l’amertume. Le dictionnaire Larousse en
donne la définition suivante : «ressentiment causé par le regret ou la
déception».
L’amertume est décrite comme un
poison qui nous infecte, ainsi que notre entourage.
Les circonstances
Il
peut nous arriver d’être déçus par nous-mêmes ou par ce que nous avons fait.
Mais il faut bien reconnaître que nous sommes plus souvent déçus par les autres
et par ce qu’ils nous ont fait (ou parfois même à cause de ce qu’ils ne nous
ont pas fait !). Nous enclenchons alors un mode amer, nous ruminons des pensées qui se
transforment en paroles, médisances, critiques plus ou moins déguisées. Parce
qu’il y a une blessure, qui s’infecte.
C’est
pourquoi la Parole de Dieu donne une telle place au pardon[1] : parce qu’il est le
seul antidote à l’amertume (souvent de la non-reconnaissance), qui possède ce
terrible pouvoir de nous intoxiquer intérieurement et de contaminer notre
entourage. L’amertume n’est pas seulement un arbre indésirable de notre
jardin[2] qu’il faut couper, mais quelque chose qui doit être arraché (les racines)
ce qui demande un travail beaucoup plus profond et difficile que simplement
couper ce qui dépasse.
Exemples vécus
Vous
avez peut-être rencontré de ces chrétiens qui disent qu’ils ont pardonné à ceux
qui les ont offensés (Matthieu 6/14), mais dont les discours et l’attitude sont
empreints d’amertume impossible à cacher. Ils ne peuvent s’empêcher d’en
parler, de critiquer en temps et hors de temps et de pointer les torts des
coupables. C’est ce qu’on appelle un processus de victimisation.
Lorsque
ces choses nous arrivent (qui d’entre nous est à l’abri ?), nous souffrons,
blessés dans notre orgueil. La secrète
pitié que nous avons pour nous-même
alimente de manière continuelle notre
ressentiment. Nous avons
peut-être mis un coup de tronçonneuse à l’arbre de l’offense et de la déception
— mais les racines du ressentiment sont là , bien présentes, et la vie noire
qu’elles contiennent ne pourra pas être empêchée de ressortir. Durant tout le
temps de ce type d’expérience, qui peut atteindre n’importe qui, nous allons
ĂŞtre une cause de trouble, pensant ĂŞtre au service de la justice alors que nous
sommes simplement au service de notre orgueil. Nous ne sommes plus conduits par
l’Esprit de Christ, lui qui nous emmène toujours au pardon.
Le chemin de la délivrance et de la
guérison
C’est
bien lĂ que le Seigneur nous attend, Ă la Croix, afin que nous vivions une
authentique expérience de ce pardon profond (qui va mettre l’orgueil sous nos
pieds), ce que Lui-Même connaît très bien. Le serviteur n’est pas plus grand
que le Maître, nous répète-t-il doucement (Matthieu 10/24). Je veux t’apprendre
le pardon dans une dimension plus grande, ce qui te rapprochera de moi. C’est
cela aussi, connaître Christ et la communion de ses souffrances (Phil. 3/10).
Je t’ai choisi pour que tu vives ces choses, que tu les partages avec moi.
Saches qu’aussi longtemps que tes pensées s’alimenteront au ressentiment, tu
seras coupé de l’Esprit et empêché de faire des progrès.
C’est
pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux commence sa phrase en disant : «Veillez à ce que personne ne se prive de la
grâce de Dieu» … car en évoluant en marge du pardon, nous permettrons au
ressentiment de s’installer, et avec lui l’amertume qui nous empoisonnera
lentement et qui détruira notre communion spirituelle. Parce que le
Saint-Esprit de Dieu en sera attristé : « Qu’il ne sorte de votre bouche aucune
parole mauvaise, mais, s’il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve Ă
l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent. 30N’attristez pas
le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la
rédemption. 31Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur,
toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous»
1 Thessaloniciens 5/18.
C’est
un enseignement vital pour le croyant [3]. Car si nous n’acceptons pas d’apprendre Ă
pardonner Ă nos proches — comment pourrons-nous savoir pardonner Ă
nos ennemis ? Comment pourrons-nous aimer ceux qui nous font du mal, comme nous
le trouvons dans les enseignements élémentaires du christianisme de Jésus ?
Nous avons reçu le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et la
promesse que les breuvages mortels n’auraient pas raison de nous (Marc 16/18 et
Luc 10/19). Nous ne devons donc pas nous laisser aller Ă empoisonner notre
entourage (et notre propre cœur) avec notre ressentiment et notre amertume.
Une seule
amertume a le pouvoir de disloquer une famille, une église, une communauté, un
pays. C’est la langue qui est animée d’un feu qui nous dépasse (Jacques 3/6).
«Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras
ton prochain, et tu haĂŻras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos
ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent,
et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que
vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux» (Matthieu 5/43)
JĂ©rĂ´me Prekel
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[1]
Colossiens 3/13 : «Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se
plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a
pardonné, pardonnez-vous aussi.»
[2]
Genèse 2/15 : «L’Eternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Eden
pour le cultiver et pour le garder.»
[3]
Ephésiens 4/32 : «Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous
pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.»