HĂ©breux 6 :1
L’Énorme Importance de la Maturité Spirituelle
L'apĂ´tre est
inquiet. Tandis qu'il écrit cette lettre aux Hébreux, c’est comme s'il
rencontrait, de temps Ă autre, quelque chose qui l'arrĂŞte net. Trois fois au
moins, il interrompt son sujet principal pour y introduire une parenthèse ou un
résumé. Le passage compris entre le verset onze du cinquième chapitre et le
verset trois du sixième chapitre est une digression de ce genre. Quelle est
donc cette chose qui rend sa démarche si difficile et si ardue ? Ce n'est pas
que le sujet soit difficile. Ce n'est pas en l'auteur lui-mĂŞme qu'est la cause.
Ce n'est certes pas que le message manque d'urgence ou d'importance. Les issues
sont suprĂŞmes : il s'agit de toute la signification de la Personne, de
l'incarnation, de la Croix et de la valeur du Seigneur JĂ©sus. Non! C'est en
ceux auxquels écrit l'apôtre qu'est la cause de sa difficulté. Ce n'est pas
qu'ils ne connaissent pas le Seigneur. Ils ont « été une fois éclairés » ; ils
« ont goûté du don céleste » ; ils « sont devenus participants de l'Esprit
Saint » ; ils « ont goĂ»tĂ© la bonne Parole de Dieu et les miracles du siècle Ă
venir ». Et cependant, il y a en eux une immaturité, une cause qui entrave leur
marche, une enfance spirituelle qui menace d'être fatale à l'égard des intérêts
suprêmes de leur vocation céleste. C'est cette croissance interrompue, cette
enfance prolongée, qui retient l'esprit et la plume de l'apôtre et qui irait
jusqu'Ă exercer une retenue de l’Esprit Saint. (Voir le paragraphe dĂ©jĂ
mentionné: Hébreux 5 :11 – 6 :3.)
Ce qui les
empêchait évidemment d'avancer, c'est qu'ils étaient toujours occupés de ces
questions, de ce « fondement », sur lesquelles il faut bâtir et avec lesquelles
l'on ne peut pas rester. Il y avait cependant une cause plus profonde encore:
ils se reposaient sur les choses en tant que telles et ne discernaient pas leur
signification et leur implication réelles et spirituelles. Il y a deux maximes
que nous ferons bien d'Ă©tablir tout de suite. L'une, c'est que nous ne pouvons
« avancer » que dans le Saint Esprit. L'autre, c'est que le Saint Esprit ne
peut nous faire avancer que si les fondements sont posés et les vérités
élémentaires acceptées et observées. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui,
bien qu'ils le soient depuis des années, se trouvent en état d'arrêt; ils sont
paralysés; ils sont sans force et presque sans vie, parce qu'ils ne sont pas
fixés à l'égard des « premiers éléments ». Pour les uns, c'est la question du
baptĂŞme; pour les autres, c'est celle du jugement Ă©ternel. Qu'il soit bien
reconnu, au sujet de toutes ces questions, que le Saint Esprit Lui-mĂŞme demande
que nous soyons absolument établis, et qu'Il ne nous fera pas avancer « vers
l'état d'hommes faits » avant que le « fondement » n'ait été posé. Pourquoi y
a-t-il tant de « vieux enfants », tant d'adultes dépendants, tant d'invalides
spirituels parmi le peuple du Seigneur ? Pourquoi y en a t-il tant qui, après
des années d'activité et de service, en arrivent à un point où ils sont
constamment conquis et impuissants, étant « sans intelligence » , selon le sens
que donnent les Écritures à ces mots ?
« C'est pourquoi
nous aussi, depuis le jour oĂą nous en avons ouĂŻ parler, nous ne cessons pas de
prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa
volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. », Colossiens 1 :9
« Frères, ne soyez
pas des enfants dans vos entendements, mais, pour la malice, soyez de petits
enfants; mais, dans vos entendements, soyez des hommes faits. », 1 Corinthiens
14 :20
« Et il dit: Et
vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence? », Matthieu 15 :16
Il s’agit peut-être
– et ce l'est certainement quelquefois – que les exigences du Saint Esprit au
sujet de quelque principe fondamental ont été négligées, repoussées, discutées,
laissées ou définitivement refusées. C'est là un péché contre le Saint Esprit,
et ce péché doit nous retrouver tôt ou tard. Ce que nous avons à dire ici
expliquera, à mesure que nous avancerons, ce que nous entendons par ce « nous
retrouver ». La lettre aux Hébreux marque la transition entre les fragments des
prophètes et la plénitude qui est en Christ. Cette plénitude est spirituelle et
elle est la conséquence d'une révélation spirituelle qui nous fait entrer dans
la signification céleste des institutions instaurées par Dieu; nous passons ainsi
des simples structures, des formes terrestres, aux valeurs spirituelles.
Il est cependant
possible de continuer avec les « choses mêmes » et de demeurer dans l’ignorance
quant à leur véritable signification. Par exemple, il est impossible d'avoir
une révélation de la véritable nature de l'Église – le Corps de Christ – et de
rester un « dénominationaliste » ou fidèle à une église traditionnelle sans
risquer d'être en désaccord avec le Saint Esprit. Il est également impossible
de rester un juif, comme tel (dans la tradition du judaĂŻsme), et d'ĂŞtre un
membre de Christ. Une fois que le Saint Esprit a parlé ou éclairé, l'on arrive
Ă des crises terribles au sujet des principes fondamentaux, et ces crises
spirituelles, si elles ne sont pas acceptées aussitôt, surgiront de nouveau
plus tard. Jamais le Saint Esprit n'enlève une seule fraction à Ses demandes
premières.
Maintenant, bien
que tout ceci est important, cela ne fait que nous ouvrir la voie pour
considérer de plus près ce qu'est la maturité spirituelle.
Il y a une épître
qui traite spécifiquement de l’immaturité spirituelle, de son retardement
injustifié, ou encore de l’enfance spirituelle perpétuée trop longtemps ; c’est
l’épître aux Corinthiens.
L'immaturité des Corinthiens
Les croyants de
Corinthe avaient évidemment interrogé l'apôtre Paul au sujet de certaines
questions particulières, qu'ils pensaient être la cause de leurs troubles et de
leur condition spirituelle si basse. L'apôtre laissa de côté ces questions
jusqu'à ce qu'il ait réglé ce qu'il comprenait être la cause du mal. C'était,
non pas les « problèmes » particuliers au sujet desquels ils étaient inquiets,
mais ce qui reposait en fait derrière ces problèmes et beaucoup d'autres. Ils
étaient préoccupés des formes extérieures de la foi, dans leurs affaires
personnelles et domestiques aussi bien que dans celles de l'assemblée. L'apôtre
va au cœur des choses et il leur montre clairement que la cause de leurs
difficultés, c'est l'arrêt de leur développement spirituel. Il mentionne donc
quelques-uns des symptĂ´mes qui prouvent cela.
C'est tout d'abord
l'esprit de parti. Ils ont des hommes en vue. Le choix humain, la faveur, la
préférence, qui résultent des réactions de leur tempérament, les avaient amenés
à se séparer les uns des autres, à former des cercles, des clans, autour de
l'attitude, des points de vue, des idées et des habitudes de tel ou tel homme.
Les uns préféraient le mystique et le poétique au pratique, les autres juste le
contraire. Les uns acceptaient le côté subjectif des choses et refusaient
l'objectif, ou vice versa. Et ainsi de suite. Puis, il y avait les hommes
eux-mêmes, aimés des uns, mal vus des autres. C'est à l'égard de tout cela que
l'apĂ´tre leur dit :
« Je n'ai pu vous
parler comme Ă des hommes spirituels; mais comme Ă des hommes charnels, comme Ă
de petits enfants en Christ. », 1 Corinthiens 3 :1
Le défaut
fondamental dans tout cela, c'est que pour eux le Seigneur JĂ©sus n'avait pas la
première place; ce n'était pas Lui-même qui était toujours en vue, en Lui
qu'ils se réunissaient, Lui qu'ils cherchaient. Ils n'attendaient pas de
celui-ci ou de celui-lĂ ce qu'il avait et pouvait donner du Seigneur JĂ©sus. Ce
qui importait pour eux, c'était le vase et non le trésor, l’instrument et non
ce qu’il dispensait.
L'apôtre déclare en
fait que c'est une marque de croissance réelle et de maturité spirituelle dans
le peuple du Seigneur, lorsque Ses enfants ne sont plus influencés par les
instruments comme tels et qu'ils ont le cœur tourné vers Lui-même, en se
demandant sans cesse: « Qu'est-ce que celui-ci ou celui-là a du Seigneur ? »
Ainsi, dans cette question comme dans toutes les autres, le seul remède
possible, c'est de donner au Seigneur JĂ©sus Sa place, qui est la place suprĂŞme,
la place qui exclut toutes les intrusions humaines, favorables ou opposĂ©es Ă
l'instrument qui ne doit faire que Le présenter.
Les Corinthiens
tournaient leur tĂŞte vers les serviteurs du Seigneur, au lieu de fixer leur
cœur sur le Maître. Les divisions sont souvent si enfantines; et lorsqu'on les
considère du point d'un plus grand avancement spirituel, on comprend qu'elles
le sont. Il est ensuite tout à fait évident que les éléments humains jouaient
pour eux un rôle trop grand. Si seulement le Seigneur Lui-même avait été la
réalité dominante et l'objet de leurs intérêts, les choses auraient été toutes
différentes.
De plus, ces
Corinthiens étaient trop préoccupés par les « dons », les expériences, les
démonstrations, les manifestations. Le « parler en langues », par exemple,
avait pris chez eux une place si proéminente, qu'il n'était plus en proportion
avec l'œuvre générale du Saint Esprit. La démonstration des dons prenait toute
la place de leurs intĂ©rĂŞts et de leur attention. Cet Ă©tat Ă©tait dĂ» lui aussi Ă
leur immaturité. Les enfants s'attachent aux effets extérieurs ; ils aiment les
spectacles et le bruit. L'apĂ´tre donne encore Ă entendre que cela prouve que
leur objet n'est pas le Seigneur Lui-mĂŞme, mais bien ces choses. Quel examen
que cela! Combien il y en a qui doivent avoir « des prodiges et des miracles »,
des sensations, des évidences, des signes extérieurs, des choses vues, touchées
et prouvées par les sens. Tout cela, c'est de l'enfance! Et à mesure que nous
avançons avec le Seigneur, Il nous attire hors de ce domaine, afin de prendre
Lui-même la prééminence.
C'est en rapport
avec tout cela que l'apĂ´tre termine et conclut par ce qui est devenu une
formule si courante de « bénédiction » : « Que la grâce du Seigneur Jésus
Christ » – en opposition aux œuvres; « et l'amour de Dieu » – en opposition et
en comparaison aux signes et aux dons en tant que tels; « et la communion du
Saint Esprit. », – en opposition aux divisions, à l'esprit de parti et aux
distinctions qui séparent les hommes. Si ces paroles étaient employées dans
leur rapport et leur sens original, au lieu que leur effet ne soit limité à une
formule, quelle différence cela ferait pour le témoignage du Seigneur Jésus
dans le monde.
Bien-aimés,
réhabilitons le Seigneur Jésus à Sa place et, détournant nos yeux des hommes,
gardons-les fixés sur Lui ! L'ennemi aura alors moins d'occasions de déshonorer
Son Nom parmi les hommes. Aussi, « Avançons vers l’état d’hommes faits. »
Source : www.austin-sparks.net