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Le service de Dieu
de T. AUSTIN SPARKS
La formation pour le service de Dieu doit être uniquement gouvernée par la nécessité d'avoir des hommes et des femmes dont la vie spirituelle soit forte et solide, basée sur une connaissance profonde de Lui-Même, "la Parole de Dieu" demeurant en eux richement "en toute sagesse et intelligence spirituelle" (Colossiens 1, 9).

Quel est le seul service que l'on peut rendre à Dieu? Former Jésus en nous, jusqu'à la plénitude de Christ.

I. LE SERVICE - CE QU'IL EST

"Pour servir le Dieu vivant..."(1 Thessaloniciens 1, 9.) Pour que le service de Dieu soit, immédiatement et pleinement, aussi fructueux et efficace qu'il peut l'être, il est essentiel que sa nature nous soit clairement définie. Si l'on demande ce qu'est le service de Dieu, beaucoup de réponses pourraient être données. Le christianisme, de son côté pratique, se résout en certaines lignes et formes d'œuvres particulières, chacune d'elles étant gouvernée par son objet spécial. C'est parce que la conception du service chrétien est si large et si générale, qu'il est devenu nécessaire de considérer à nouveau cette question et de demander quel est réellement l'objet divin dans le service de Dieu.

a) Son objet

Si nous regardons attentivement la Bible dans son ensemble, en gardant cette question devant nous, nous verrons qu'elle ne nous donne qu'une seule réponse, qui gouverne et comprend tout. L'œuvre de Dieu peut se faire dans des lignes nombreuses et variées, et avoir différents aspects, mais elle n'a qu'un seul objet. C'est cet unique objet qui décide si l'œuvre est réellement celle de Dieu, et qui détermine aussi la mesure de la durée et de la valeur éternelle de ce qui est fait au Nom du Seigneur.

Car, dans la meilleure intention de faire le service de Dieu, il y a cependant tant d'efforts qui manquent le but et s'écartent de l'objet divin. Le seul et unique Objet, c'est Christ. Dieu s'est donné, comme but suprême, de soumettre toutes choses à Son Fils, et de remplir toutes choses de Son Fils. Apporter Son Fils, et accroître la mesure de Christ, extensivement comme intensivement, c'est le seul objet de Dieu ; et notre coopération avec Dieu dans ce même but, c'est le seul vrai service de Dieu. Qu'il "remplisse toutes choses"(Ephésiens 4, 10) ; que, "en toutes choses il tienne la première place" (Colossiens 1, 18) ; que "Christ soit tout et en tous"(Colossiens 3, 11), c'est le seul service qui réponde au cÅ“ur de Dieu. C'est une déclaration de fait, et c'est aussi ce qui signifie la valeur de l'Å“uvre.

Dans l'Ancien Testament, tout dirige à Christ, et II se trouve, de manière implicite, en toutes choses. C'est la signification de Christ qui gouverne tout. Dans le Nouveau Testament, la signification de Christ est explicite, formelle. Les conversions ne sont pas des fins et des objets en elles-mêmes. Tout nouveau croyant est un instrument de Christ. Le fait, en chaque "naissance", c'est que Christ est entré dans une vie. Mais les Ecritures ne s'arrêtent pas là. La plus grande partie du Nouveau Testament s'occupe de l'accroissement de Christ dans les croyants. C'est l'aspect personnel.

Puis, au-delà du croyant, l'Eglise dans son ensemble est présentée comme ce qui doit être "la plénitude de Celui qui remplit tout et en tous"(Ephésiens 1, 23). Ensuite, les églises locales sont représentées, comme étant des instruments et des véhicules de Christ qui dépassent la possibilité et la capacité individuelles. Toute la pensée du Saint-Esprit, c'est de faire de la plénitude de Christ une réalité. Tout le conflit est lié à cela, car l'Adversaire sait que son royaume est affaibli et restreint en proportion de l'accroissement de Christ. La valeur de toute œuvre chrétienne se trouve dans l'efficacité de son témoignage pour l'accroissement de la mesure de Christ dans cet univers.

b) Sa nature

Dans cette dispensation, Christ n'est pas physiquement sur notre terre ; Il est ici-bas uniquement dans et par le Saint-Esprit. Christ ne peut donc pas être reconnu d'une manière autre que spirituelle. De plus : Christ ne cherche pas, dans cette dispensation, à établir sur cette terre quelque chose qui soit attaché à la terre. Il détache un peuple du milieu du monde et des nations, pour se l'attacher à Lui-même de manière entièrement spirituelle. La naissance de ce peuple est spirituelle : "Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit" (Jean3, 6). Sa nourriture est spirituelle : "Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel et qui donne la vie, au monde"(Jean 6, 33).

Sa connaissance de Dieu et des choses de Dieu est spirituelle. "Mais, comme le dit l'Ecriture : "Ce sont des choses que l’œil n'a point vues, que l'oreille n'a pas entendues et qui ne sont pas montées au cÅ“ur de l’homme, mais que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment." Dieu nous les a révélées par l'Esprit ; car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. En effet, qui sait ce qui est dans l’homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même aussi, personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. Quant à nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les grâces que nous avons reçues de Dieu ; et nous en parlons, non avec les discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, exposant les choses spirituelles dans un langage spirituel. Or l’homme naturel n'accueille point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu ; car elles sont pour lui une folie et il ne peut les comprendre, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. Mais l'homme spirituel juge tout et il n'est lui-même jugé par personne. Car qui a connu la pensée du Seigneur pour lui donner des leçons ? Nous, nous avons la pensée de Christ !..."(1 Corinthiens 2, 9-16).

Sa consommation est spirituelle. "Mais quelqu'un dira : Comment les morts ressuscitent-ils et avec quel corps reviennent-ils ? Insensé, ce que tu sèmes ne reprend pas vie, si d'abord il ne meurt. Ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui naîtra, que tu sèmes, mais un simple grain, de blé peut-être, ou de quelque autre semence. Et Dieu lui donne le corps qu'il a trouvé bon de lui donner, à chaque semence le corps qui lui est propre" (1Corinthiens 15, 35-38). Tout est désormais une question de mesure et de valeur spirituelles. Ainsi, le service de Dieu est, dans cet âge, essentiellement spirituel. Ce n'est pas ce que nous pouvons voir, ni compter, ni apprécier en aucune manière par les sens naturels, qui en est le critère : mais c'est ce qui est l'Å“uvre pure et unique de l'Esprit de Dieu.

La tendance des efforts, depuis les temps apostoliques, a presque entièrement été d'établir un système universel du christianisme ; une Eglise qui soit quelque chose de valeur et de position temporelles. Le résultat immédiat de tout contact avec cette terre maudite est la discorde et la division. Seule une Eglise fondée sur la base céleste est "un seul corps" (voir Ephésiens, chapitres 1 et 4). Ce qu'est l'Église du dessein éternel, son ministère l'est aussi ; il est spirituel et céleste ; non pas "ecclésiastique", ni formaliste, ni ritualiste.

 

II. LE SERVITEUR

Si l'Å“uvre de Dieu est essentiellement spirituelle, il faut donc qu'elle soit faite par des hommes spirituels ; et la mesure de leur spiritualité déterminera la mesure de leur valeur pour le Seigneur. C'est pour cela que, dans la pensée de Dieu, le serviteur a plus de valeur que l'Å“uvre. Si nous voulons réellement nous mettre entre les mains de Dieu pour l'accomplissement de Son dessein, Il agira à notre égard de manière à ce que notre mesure spirituelle croisse continuellement. Ce n'est pas notre intérêt pour l'Å“uvre chrétienne, ni notre enthousiasme, nos ambitions, nos énergies ou nos capacités ; ni nos qualifications académiques ; ni rien de ce que nous sommes en nous-mêmes ; ce qui est la base du commencement et du développement de notre service pour Dieu, c'est simplement notre vie spirituelle. L'Å“uvre elle-même, lorsque nous y sommes entrés, est employée par Lui pour accroître notre mesure spirituelle.

Toute Å“uvre chrétienne, qui n'aurait pas pour effet d'ajouter à la mesure de Christ dans l'ouvrier, ou bien ne serait pas le vrai service divin, ou bien servirait à sa condamnation et à son détriment. L'apôtre Paul est un grand exemple ; nous voyons en lui combien d'accroissement de vraie connaissance spirituelle et de mesure de Christ sont le résultat du service même de Dieu, lorsque le serviteur est un homme vraiment spirituel. Il y a de nombreuses autres preuves de ce fait dans la Bible comme dans la vie des Chrétiens.

La parole de l'apôtre : "Pas un nouveau converti" (1 Timothée 3, 16), en ce qui concerne les "surveillants", corrigerait - si elle était appliquée à tous ceux qui prennent une responsabilité dans l'Å“uvre de Dieu - beaucoup des choses faibles et douloureuses que nous voyons dans l'Å“uvre chrétienne organisée. Le manque d'une mesure essentielle de maturité a résulté en une tragédie dans beaucoup de vies, brisées par l'effort, comme à beaucoup de défaites dans l'Å“uvre elle-même.

Trop souvent, l'ennemi a affaibli ou détruit l’œuvre et l'ouvrier, en rendant les activités trop lourdes et écrasantes pour la vie spirituelle de l'ouvrier. Ce ne sont pas les vérités annoncées, les idées exprimées, les doctrines prêchées, etc., mais c'est la vie, c'est la puissance et la mesure spirituelles qui sont à la base, qui déterminent la valeur et le fruit réels du service.

Et parce que cela est vrai, il n'y a pas de terme à la croissance spirituelle durant cette vie. Nous n'arrivons réellement à la position où nous pouvons être de quelque valeur, à cause de notre expérience et de notre intelligence, qu'au moment où nous quittons cette terre. Cela ferait de cette vie une énigme, et quelquefois une ironie, si la plus grande mesure et la vraie nature de notre service n'étaient pas pour cet au-delà, quand et où "Ses serviteurs le serviront. Et ils verront sa face" (Apocalypse 22, 3-4).

II y a une tendance dangereuse à remettre les intérêts de Dieu entre les mains de ceux qui ne Le connaissent pas réellement d'une manière profonde, et à regarder ceux qui ont une mesure spirituelle acquise par beaucoup d'expérience, comme incapables de répondre aux besoins de la plus jeune génération. Le Nouveau Testament dénonce avec force cette tendance superficielle comme un péril pour l'Eglise de Dieu. Les années peuvent ne pas être le critère, ni d'un côté ni de l'autre, mais le degré spirituel l'est certainement.

 

III. LA FORMATION

Puisque ce que nous venons de dire du serviteur et du service est si vrai, la formation doit être, par-dessus tout, ce qui produira des hommes et des femmes spirituels. Nous reconnaissons naturellement que cela s'applique à tous les enfants de Dieu qui veulent Le servir d'une manière ou de l'autre ; mais nous avons maintenant dans notre pensée ceux qui pourront Le servir tout particulièrement.

a) Il est essentiel d'avoir une base forte et solide dans la connaissance des Ecritures. Cela est évident pour toutes sortes de bonnes raisons. Mais, lorsque nous avons donné à cette question toute la place qu'elle doit avoir, il est nécessaire de souligner que la lettre de la Parole n'est pas suffisante. Des conférences sur la Bible, et des analyses de ses livres, ne feront jamais un vrai serviteur de Christ. Le besoin réel, c'est d'avoir une connaissance spirituelle de la Parole de Dieu ; elle doit être enseignée et comprise spirituellement. Il est nécessaire de voir la pensée divine qui se trouve derrière la lettre. L'enseignement et l'étude des Ecritures doivent avoir un effet spirituel immédiat sur la vie de ceux qui veulent les connaître. La Parole de Dieu ne nous profitera que dans la mesure où elle se révèle à nous en puissance spirituelle.

b) Il faut qu'une vie pratique accompagne pas à pas le travail d'étude. Ce côté pratique devrait avoir au moins deux aspects :

1° Il faut que la vie soit vécue au sein d'une famille spirituelle, de sorte que toutes les leçons de support, de patience et de coopération soient apprises. La Croix doit être connue dans les occasions nombreuses et fréquentes où la chair s'élève en nous-mêmes et dans les autres, à cause des défauts et des fautes humaines. La grande valeur de la communion doit être apprise dans les conditions éprouvantes de la vie commune, durant une période suffisante. La réalité des lois du "corps de Christ" doit être établie. La dépendance, la dépendance mutuelle, les relations mutuelles - en opposition avec l'indépendance, l'individualisme et le détachement - sont quelques-unes de ces lois qui signifient - selon qu'elles sont observées ou violées - vie ou mort, plénitude ou limitation dans le service du Seigneur. Notre objet ne doit pas être de faire des adhérents au christianisme, mais d'édifier un "corps" spirituel ; c'est pourquoi, il nous faut connaître la vie, l'ordre et la fonction du "corps".

2° Il faut qu'il y ait dans notre formation une expression spirituelle pratique, et le moyen le meilleur et le plus directement fructueux pour cela, c'est la vie d'assemblée. La formation des "ouvriers" devrait se faire en relation intime avec la vie "d'église", l'église étant constituée et fondée sur la vraie base organique du Corps de Christ. Non seulement un lieu de prédication, ou bien un lieu où sont tenues et suivies des réunions, mais la place où existent la vraie vie corporative et la mutualité dans l'édification. C'est au sein d'une telle vie corporative, et de son sein, que devraient se développer le ministère et le service ; les ouvriers du Seigneur ne doivent pas être simplement des techniciens sortant d'un institut. Personne ne devrait réellement pouvoir entrer dans un service chrétien, et y donner tout son temps, avant d'avoir eu une vraie préparation "d'église", et d'avoir appris la signification et la valeur de la vie corporative. Dieu ne cherche pas tant d'unités, ni pour le salut ni pour le service. Dieu veut Son Eglise, l'expression corporative de Christ. Si nous voulons arriver à la plénitude, tout doit être sur cette base de l'Eglise.

 

Pour résumer :

Dieu agit en relation avec Son dessein éternel, concernant Son Fils, Jésus-Christ. L'Eglise, qui est Son Corps, est prédestinée à être "la plénitude de Christ". Cette expression personnelle et corporative de Christ n'est pas terrestre, ni temporelle, ni "ecclésiastique" ; elle n'est pas nationale, ni sectaire ; elle est céleste, spirituelle, éternelle. Le ministère de cette représentation corporative de Christ est, essentiellement et uniquement, une chose spirituelle déterminée par sa mesure spirituelle. La spiritualité est ce qui est de Dieu, et non pas de l'homme - même de l'homme religieux. Tandis qu'il y a certaines choses qui sont de valeur pour armer les serviteurs de Dieu, dans les aspects humains de leur Å“uvre, la formation réelle est spirituelle, c'est-à-dire, la connaissance vitale de Dieu, et celle de Son Fils, dans la Parole de Dieu et en expérience. La formation pour le service de Dieu doit donc être uniquement gouvernée par la nécessité d'avoir des hommes et des femmes dont la vie spirituelle soit forte et solide, basée sur une connaissance profonde de Lui-Même, "la Parole de Dieu" demeurant en eux richement "en toute sagesse et intelligence spirituelle" (Colossiens 1, 9).

Source: http://www.latrompette.net 





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